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Le Pharmachien: Prévenir la désinformation

Photo: Collaboration spéciale

Olivier Bernard, mieux connu sous le nom de plume du «pharmachien», mène depuis quelques années un combat illustré contre la désinformation médicale et scientifique. Son dernier ouvrage, Le pharmachien 2 :Guide de survie pour petits et grands bobos, se veut une sorte de dictionnaire des traitements maison qui fonctionnent… et de ceux qui ne fonctionnent pas. Métro s’est entretenu avec ce pharmacien de profession pour qui l’option pharmaceutique n’est pas toujours la meilleure solution.

Vous êtes clairement à l’aise de recommander des traitements maison. Est-ce que la solution à un «bobo», c’est toujours un médicament?
Pas du tout. Le meilleur traitement, c’est celui qui est le plus efficace et qui comporte le moins d’inconvénients. Parfois, c’est un médicament; parfois, c’est un produit naturel, parfois, c’est un remède maison… et parfois c’est ne rien faire et attendre que ça passe. Je base mes recommandations sur les meilleures preuves scientifiques disponibles.

J’imagine que vous vous faites dire : «Vous êtes pharmacien, forcément vous avez intérêt à vouloir vendre des médicaments»…
Oui, ça m’arrive! (Rires) Dans les faits, la majorité des pharmaciens, étant salariés et non impliqués dans les commerces, n’ont pas vraiment d’avantage à ce que les gens consomment plus de médicaments. À vrai dire, mon travail serait plus stimulant et plus payant si les gens se préoccupaient davantage de leurs habitudes de vie et avaient moins besoin de «pilules», car je pourrais alors consacrer mon temps aux personnes les plus malades, qui n’ont d’autre choix que de prendre des médicaments.=

Les compagnies pharmaceutiques ont très mauvaise réputation, surtout sur l’internet. Pourquoi, d’après vous?
Il y a une méfiance généralisée qui s’installe face aux grandes entreprises. Ce n’est pas sans raison, car elles font souvent preuve d’un grand manque de transparence, prennent des décisions d’affaires à l’éthique discutable et ont des stratégies marketing douteuses. L’industrie pharmaceutique s’est améliorée et la réglementation est plus sévère qu’avant, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Je pense que le doute est justifié dans la mesure où il ne se transforme pas en théorie de conspiration extraterrestre.

Beaucoup de traitements maison relèvent carrément du folklore. Comment est-ce qu’on peut faire la lutte à des croyances qui existent depuis si longtemps?
Souvent, les gens ne se souviennent que d’une partie de l’histoire. Par exemple, des gens croient encore qu’on peut soigner une verrue en la frottant avec une patate… mais ignorent que le traitement original conseillait surtout d’enterrer cette dernière pour que la verrue s’y transfère magiquement! Quand on révèle l’origine des remèdes de grand-mère, ils perdent souvent de leur crédibilité.

D’après vous, l’auto-traitement a sa place, mais c’est extrêmement difficile à contrôler et à vérifier, non?
Oui et non. C’est fantastique que les gens aient maintenant accès à une tonne d’information sur la santé et à des traitements qu’ils peuvent amorcer eux-mêmes. Par contre, avec cette chance vient la responsabilité de s’assurer que les sources consultées et les produits utilisés sont fiables, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. L’auto-traitement n’élimine pas le besoin de consulter un professionnel de la santé.

On entend souvent dire que les traitements alternatifs, «au pire, ça ne peut pas faire de mal». Est-ce vrai?
Ce n’est pas vrai. D’une part, il y a le risque de préférer un traitement alternatif à un traitement éprouvé. C’est le cas, par exemple, des supposés «vaccins homéopathiques», qui ne protègent d’aucune maladie et qui comportent donc un risque énorme pour la santé publique. D’autre part, c’est aussi la culture scientifique populaire qui en souffre. Je ne crois pas qu’on devrait volontairement garder les gens dans l’ignorance sous prétexte que «ça ne fait pas de mal». Est-ce que quelqu’un serait à l’aise si son enfant de 25 ans croyait toujours au père Noël?

Voyez aussi notre vidéo : Le Pharmachien évalue vos 5 remèdes de grand-mère contre le rhume.

Le pharmachien 2 : Guide de survie pour petits et grands bobos
Éditions les malins
En vente partout

 

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