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«Les femmes osent plus qu’on pense» – Katrin Leblond

Photo: Yves Provencher/Métro

Les vêtements signés Katrin Leblond ne se collent pas aux tendances du moment. Ils s’inscrivent dans un processus de création artistique où la créativité débridée de la designer a toute la place.

Une recette gagnante, puisqu’en cinq ans à peine, Katrin Leblond s’est attiré une clientèle fidèle. Cinq années en affaires, cinq questions.

En mai 2007, vous lanciez non seulement la griffe qui porte votre nom, mais vous ouvriez également une boutique. Ça semble assez risqué comme pari dans le contexte actuel. Aviez-vous d’abord tâté le pouls du marché?
Il n’y a pas eu d’étude de marché. Je recherchais un local dans mon quartier, près de mon atelier, et j’ai finalement trouvé sur Saint-Laurent, juste à côté du restaurant de mon mari [Mike Makhan, propriétaire du restaurant Aux Vivres]. Avec les grandes vitrines, la luminosité est exceptionnelle. J’avais vécu la vente en gros avec Fairyesque, et je voulais changer de direction parce que, pour moi, créer seulement deux collections par année, ce n’était pas assez. Avec la boutique, je peux produire et vendre toute l’année. Même s’il y a de plus grosses phases de livraisons en début de saison, j’ai de nouveaux arrivages chaque semaine. Ça a fonctionné dès que j’ai ouvert les portes.

Pourquoi?
Pourtant, je n’avais jamais travaillé dans une boutique de détail auparavant! Je crois que les femmes osent plus qu’on pense. Quand je vendais mes collections aux détaillants, ils n’achetaient jamais les modèles aux couleurs les plus extravagantes. Pour leurs affaires, je comprends qu’ils devaient faire des choix conservateurs. Cela dit, mes expériences au Salon des métiers d’art, par exemple, m’avaient prouvé que les Montréalaises étaient prêtes à oser. Surtout les femmes de30 ans et plus, qui ont davantage confiance en elles et qui sont moins influencées par les marques que les plus jeunes.

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Que pensez-vous des tendances?
Ça m’intéresse beaucoup, et j’ai bien évidemment des designers préférés qui m’inspirent, comme Prada et Gaultier. C’est incroyable de l’avoir eu ici! [Jean Paul Gaultier a notamment fait l’objet d’une exposition au Musée des beaux-arts l’année dernière.] Je suis les tendances pour moi et je sais que c’est important de savoir ce que les autres sont. Les tendances m’inspirent en tant que personne. Cela dit, elles n’influencent pas ce que je fais.

Qu’est-ce qui vous inspire?
Pour chaque collection, mon processus de création change. Par exemple, pour la collection printemps-été 2011, que Marie Cornellier a documentée [pour le livre Un vêtement habillé d’une intention], j’ai demandé la collaboration de toutes les femmes de mon entreprise. En leur montrant les croquis de base, je leur ai demandé de me donner trois phrases, trois vœux qu’elles voudraient  voir se réaliser si elles étaient des fées qui peuvent changer le monde. J’ai ensuite copié les phrases telles quelles dans Google Images pour les transformer en images que je pourrais réinterpréter dans mes vêtements. Des symboles spirituels ou environnementaux, comme des mains qui se touchent, des soleils, revenaient souvent. Finalement, j’ai repris ces mots, cette poésie sur les étiquettes.

Vous êtes nouvelle maman. Est-ce que cela vous inspire une collection pour enfants?
Non. Produire au Québec coûte cher et, honnêtement, je doute que les parents aient envie de payer autant pour des vêtements qui font si peu longtemps. Par contre, créer une ligne de maternité m’intéresserait éventuellement. La silhouette des femmes enceintes m’inspire. Je travaille déjà avec des tissus extensibles; j’ai même porté beaucoup de mes vêtements durant ma grossesse. Plus concrètement, je peux quand même dire que la collection printemps-été 2013 sera influencée par mon nouveau corps, qui est passé par la grossesse et qui a pris des courbes. Disons que ça va influencer ma manière de concevoir les vêtements pour cacher les parties où on ne veut pas trop que ça moule!

Un livre pour célébrer
Dans Un vêtement habillé d’une intention, l’auteure Marie Cornellier a suivi pas à pas le processus de création de la collection printemps-été 2011 de Katrin Leblond. En interviewant la designer, mais aussi d’autres femmes, dont l’esthéticienne et propriétaire du Spa Dr. Hauschka, Enaam Takla, elle s’est questionnée sur le caractère superficiel de la beauté.

Le livre sera lancé à la boutique mardi prochain.

Katrin Leblond Design

4647, boulevard Saint-Laurent

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