L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) compte miser sur le covoiturage pour pallier aux impacts de la fermeture partielle des lignes de train de banlieue de Deux-Montagnes et de Mascouche dans moins d’un an. Des experts et des entreprises du milieu se prononcent.
«En complément des mesures en transport collectif qui seront annoncées prochainement, le covoiturage fera partie du cocktail de solutions qui sera proposé en vue d’atténuer les impacts du chantier du [Réseau express métropolitain] dans l’axe de Deux-Montagnes», a indiqué le conseiller aux communications de l’ARTM, Simon Charbonneau.
Ces mesures d’atténuation, qui seront annoncées dans les prochaines semaines, viseront à faciliter les déplacements des usagers réguliers des lignes de train de Deux-Montagnes et de Mascouche lorsque ces dernières ne mèneront plus au centre-ville dès janvier 2020 en raison des travaux de construction du REM.
L’ARTM entend ainsi collaborer avec diverses entreprises de covoiturage pour offrir une alternative de transport aux usagers de ces lignes de train de banlieue.
Attirer des conducteurs
Actuellement, le covoiturage ne doit impliquer «aucune rémunération», le trajet en covoiturage devant être réalisé «moyennant une contribution financière qui se limite, quel que soit le nombre de personnes à bord de l’automobile, aux frais d’utilisation de celle-ci», indique la Loi sur les transports du gouvernement du Québec.
«Si on pouvait dédommager les automobilistes [qui font du covoiturage], même si c’est plus que ce qui est permis par la loi, ce serait avantageux pour tout le monde», estime le conseiller stratégique en transport à la Coop Carbone, Vincent Dussault, qui croit que la mise en place d’incitatifs financiers pour les automobilistes qui réalisent du covoiturage contribuerait à rendre ce mode de transport plus populaire.
Le Plan de décongestion de la Coalition avenir Québec, publié en juin dernier, propose d’ailleurs la mise en place d’incitatifs fiscaux pour favoriser le covoiturage.
«Le gouvernement est en train d’analyser les différentes options. Tout est sur la table actuellement», a déclaré à Métro Sarah Bigras, l’attachée de presse du ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, ajoutant que le ministère est conscient de «l’échéance à respecter» pour mettre en place des mesures d’atténuation aux impacts des travaux du REM.
Le président de l’entreprise de covoiturage Netlift, Marc-Antoine Ducas, propose quant à lui l’aménagement d’un plus grand nombre de voies réservées au covoiturage.
«Souvent, ce que les gens nous disent, c’est qu’ils feraient du covoiturage pour sauver du temps. Si on aménage des voies dédiées aux covoitureurs, on va pouvoir réaliser le trajet entre Deux-Montagnes et le centre-ville en moins d’une heure», a-t-il affirmé à Métro. Ce trajet s’effectue actuellement en une quarantaine de minutes en train de banlieue.
M. Ducas, qui propose la création de stationnements incitatifs dans la région, pense par ailleurs que les chauffeurs de taxis devraient être impliqués dans les mesures de covoiturage à venir afin d’avoir «une offre fiable» et un service plus ponctuel.
«De favoriser le taxi pour le covoiturage, on ne croit pas que ce soit une bonne idée parce qu’au bout du compte, ça revient un peu plus cher pour les consommateurs. Il y a déjà beaucoup d’automobiles avec des sièges vides dans la région», affirme pour sa part le cofondateur de la plateforme Covoiturage.ca, Pier-Olivier Girard.
Chaque jour en semaine, on dénombre environ 14,8 millions de sièges vides dans les voitures qui circulent dans le Grand Montréal, dont 3,7 millions seulement pendant la période de pointe matinale, selon des données tirées de la dernière Enquête origine-destination du gouvernement du Québec.
Cocktail de solutions
«Il y a tellement de monde à transporter quand la ligne de Deux-Montagnes sera fermée que ça prend un cocktail de solutions […] Le covoiturage fait partie des solutions, mais il y a aussi l’ajout d’autobus et de travailler avec les employeurs pour les inciter à multiplier les opportunités de faire des conférences téléphoniques à distance», a quant à elle soulevé la professeure au département d’études urbaines de l’Université du Québec à Montréal et experte en mobilité, Florence Junca-Adenot.
Alors que les coûts de la congestion routière ont grimpé à plus de 4,2 milliards l’an dernier, la professeure estime par ailleurs qu’«il faut tout faire pour éviter que la dernière solution pour les citoyens soit d’opter pour la voiture [en solo].»