La Société de transport de Montréal (STM) blâme les conditions hivernales en dents de scie des derniers jours pour justifier qu’un peu plus de 30% de ses autobus n’ont pu être déployés aux heures de pointe vendredi matin.
En moyenne, ce sont 20% des autobus de la STM qui doivent rester au garage pour réaliser des travaux d’entretien. Or, vendredi matin, seulement 1238 autobus étaient disponibles pour sillonner les rues de la métropole sur une flotte de plus de 1800 autobus, ce qui signifie qu’un peu plus de 30% de la flotte est demeurée au garage.
«Aujourd’hui, nous connaissons exceptionnellement environ un 10% additionnel de bus immobiles en raison des conditions climatiques difficiles (neige, froid, verglas) prévalant depuis quelques semaines et qui causent des bris sur les véhicules», a indiqué dans un courriel envoyé à Métro le porte-parole de la STM, Philippe Déry, ajoutant que 1424 autobus auraient dû être déployés ce matin «pour offrir le service planifié».
Le président du syndicat représentant les employés d’entretien, Gleason Frenette, pointe quant à lui du doigt les nouveaux autobus hybrides de la STM, qui seraient plus sensibles aux conditions hivernales.
«Les autobus hybrides ont beaucoup de problèmes avec les moteurs, même s’ils sont neufs», a-t-il affirmé en entrevue à Métro.
La STM a nié ces propos.
«Les conditions hivernales éprouvent les équipements et systèmes de l’ensemble de nos véhicules. Il n’y a pas de problématique particulière à cet égard avec les bus hybrides», a répliqué M. Déry, qui note que 20% des bus hybrides étaient immobiles ce matin, «donc près de 10% de moins que l’ensemble de notre parc».
Négociations en cours
En mai dernier, une grève des heures supplémentaires de six jours des employés d’entretien de la STM avait entraîné une perte de plus de 500 heures de service dans le réseau d’autobus aux heures de pointe du matin et du soir.
Alors que les négociations entre le syndicat et l’employeur reprendront la semaine prochaine, Gleason Frenette réclame l’embauche de plus de personnel afin de réduire le nombre d’heures supplémentaires réalisées par les employés d’entretien, qui comprennent notamment les mécaniciens et les électriciens de l’entreprise.
«Il y a un gros manque d’employés. Depuis 2014, ils réduisent le nombre d’employés d’entretien. Ils ont recommencé l’embauche cette année, mais ils n’ont même pas comblé les départs à la retraite […] Il y en a plusieurs qui partent parce qu’ils sont tannés de l’ambiance dans la shop», a-t-il lancé.
La STM affirme elle aussi vouloir ajouter plus d’employés d’entretien, mais pour combler des quarts de travail du soir et de la fin de semaine.
«C’est effectivement la volonté de la STM, mais elle doit au préalable obtenir davantage de flexibilité opérationnelle avec la nouvelle convention collective, pour être en mesure de créer de nouveaux postes de soir, de nuit et de fin de semaine, lorsque davantage de bus sont déjà au garage, afin que l’ensemble des véhicules requis soient prêts pour l’heure de pointe du lundi matin», a noté Philippe Déry.
Le président du syndicat des employés d’entretien a fait valoir que ses membres seraient prêts à travailler davantage les soirs et la fin de semaine, mais à condition d’obtenir une «prime» que leur refuserait actuellement l’employeur.
«Ils veulent tout gratuitement», a lâché M. Frenette, qui a indiqué qu’aucun nouveau moyen de pression n’était prévu.
«Avec le nombre d’autobus immobilisés, on ne veut pas laisser des gens dans la rue à attendre leur bus à -20», a-t-il dit.