Le temps est venu d’étudier et d’envisager «sérieusement» la question de la présence des femmes au sein de l’Église, a plaidé dimanche soir Mgr Paul-André Durocher sur les ondes de Tout le monde en parle (TLMEP).
«Si les femmes étaient des diacres, par exemple, [les personnes assistant le dirigeant d’une église locale], elles auraient le pouvoir de marier, de baptiser. Elles feraient partie des équipes de gestion. C’est une première étape, je pense», a-t-il expliqué lorsqu’appelé à réagir sur la question.
Mais chez les prêtres, la réalité est plus compliquée, d’après l’archevêque de Gatineau. «Le problème, à ce niveau-là, c’est que le pape a dit que ça ne pouvait pas changer, que les femmes ne pouvaient pas être prêtres, a-t-il renchéri. La seule façon que ça pourrait changer, c’est s’il y avait un conseil plénier de tous les évêques sur la question, et ça, ce n’est pas pour demain.»
Mgr Durocher estime plutôt qu’il faut «travailler maintenant sur ce qu’on est capables de faire», dans les églises locales notamment, afin de rendre les institutions cléricales plus égalitaires.
Le spécialiste des nouvelles religieuses et collaborateur au 98,5 FM, Alain Pronkin, a aussi été invité dans le studio 42 de Radio-Canada pour parler du récent sommet tenu au Vatican sur la prévention des agressions sexuelles perpétrées par le clergé.
«Le gros problème, et c’est là où il y a des débats importants, c’est à propos de la transparence de l’Église» vis-à-vis la société civile, l’ordre politique et le clergé lui-même à l’interne, a-t-il fait valoir.
D’après des données qu’il a avancées, environ 40% du clergé américain est homosexuel. «C’est problématique dans la mesure où il y a encore des cardinaux aujourd’hui qui disent que si on est homosexuels, on ne peut pas devenir prêtres, a-t-il déploré. Ici, au Québec, on a été à l’avant-garde: il y a 19 prêtres qui sont venus dénoncer cette position-là, mais ce n’est pas le cas partout.»
Afin de rendre l’Église plus transparente, Mgr Paul-André Durocher a notamment suggérer que le clergé aille «à rendre des comptes». «Actuellement, il n’y a pas de structures pour évaluer. L’évêque est maître de son diocèse, mais qui va vérifier derrière?» s’est interrogé le principal intéressé, appelant à plus de réglementation et de supervision dans le corps clérical.
Il a ajouté vouloir travailler sur un problème fondamental «de croissance psychosexuelle du prêtre» en accompagnant les membres du clergé et en les formant à de nouvelles réalités. L’évêque québécois s’est aussi vivement positionné en faveur de l’emprisonnement des prêtres ou des membres du clergé fautifs, mais a tout de même soulevé des doutes sur leur expulsion de la vie cléricale.
Il a affirmé que dès qu’un cas de violence, d’harcèlement ou d’agression lui était rapporté dans son église, il appelait immédiatement les autorités policières ou le Département de la protection de la jeunesse (DPJ). «On l’a fait tout récemment, j’avais reçu une lettre anonyme me disant qu’un prêtre avait abusé de la confiance d’une femme âgée. J’ai immédiatement appelé la police», a-t-il soutenu.