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La plus haute tour résidentielle à Montréal n’aura pas de logements sociaux

La tour de 58 étages comptera 370 condominiums de luxe et 17 penthouses, mais aucun logement social ou abordable.

Alors que la Ville de Montréal entend adopter en juin son nouveau règlement d’inclusion en matière d’habitation, l’un des plus importants projets immobiliers en cours dans la métropole ne comptera aucun logement social ou abordable lorsque sa construction sera achevée dans quatre ans.

«Ce ne sont pas des logements qui répondent aux besoins des familles, aux besoins des citoyens de la classe moyenne […] Ces gens-là ne peuvent pas se payer des logements trop cher comme ceux-là», a expliqué mardi à Métro la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme. 

Les médias ont été invités mardi à assister à une pelletée de terre symbolique du chantier de construction du projet immobilier Victoria sur le parc. Il s’agit d’une tour de 200 mètres dont les 10 premiers étages seront réservés à des commerces, tandis que des condos de luxe de une à deux chambres ainsi que de vastes penthouses de quelques milliers de mètres carrés seront aménagés sur les 48 autres étages.

Cette tour d’environ 200 mètres, qui devrait être complétée en 2023, sera située à proximité de la station de métro Square-Victoria, à la frontière entre le Vieux-Montréal et le centre-ville. En face de l’immeuble, un parc de près de 45 000 pieds carrés conçu par l’architecte-paysagiste Claude Cormier, l’auteur du projet de «boules roses» du Village gai, viendra remplacer un vieux stationnement.

«Des espaces verts, on en manque et qu’un promoteur décide d’en inclure dans son projet, c’est une bonne nouvelle», s’est réjoui le responsable du développement économique et de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry.

Victoria sur le parc, avec ses 58 étages, représentera ainsi le plus haut immeuble résidentiel de la métropole, à moins qu’il ne soit devancé d’ici là par l’un des multiples projets immobiliers en cours à Montréal.

Plus de 70% des futures unités de logement du projet Victoria sur le parc, piloté par l’entreprise Broccolini, ont d’ailleurs déjà été vendues avant même leur construction, signe de la forte demande pour des logements au centre-ville.

«L’appétit des gens qui veulent venir habiter dans le centre-ville de Montréal n’a jamais été aussi grand.» -André Boisclair, président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec

Inclusion
En juin, l’administration municipale déposera pour adoption devant le conseil municipal sa nouvelle politique d’inclusion, qui entend obliger tous les promoteurs  à inclure dans leurs projets immobiliers 20% de logements sociaux, 20% logements abordables et 20% de logements familiaux. Ce règlement, qui fera l’objet d’une consultation publique, ne sera toutefois pas effectif avant janvier 2021.

«Si les jeunes des universités ne sont pas capables d’habiter l’île de Montréal, on n’est pas avancés. Donc, ce règlement va permettre d’avoir plus de prévisibilité, d’être systématique [dans l’obligation d’intégrer des logements sociaux aux projets immobiliers] et de s’assurer qu’on garde cette mixité-là au centre-ville de Montréal», a expliqué M. Beaudry. 

La nouvelle tour de l’entrepreneur Broccolini n’aura toutefois pas à se soucier de cette réglementation, car le projet immobilier Victoria sur le parc, qui ne comprendra aucun logement social ou abordable, a été accordé de «plein droit» par la Ville, a indiqué à Métro le président du développement immobilier et des acquisitions de l’entreprise, Roger Plamondon.

«Il y a urgence d’agir. Il faut qu’on s’attaque à la pénurie de logements abordables et de grands logements. C’est maintenant qu’on définit à quoi va ressembler notre ville, donc il faut agir vite», a martelé Mme Laflamme, qui demande à la Ville de mettre en application plus rapidement sa nouvelle politique d’inclusion. 

«Les terrains nous échappent à vue d’oeil, donc si on ne rend pas la politique effective dès maintenant, on va manquer plein d’occasions de construire des projets immobiliers qui répondent aux besoins», a-t-elle ajouté. 

«Pression inflationniste»
Le président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec, André Boisclair, craint pour sa part qu’une politique d’inclusion «contraignante» ne fasse fuir les investisseurs potentiels, contribuant ainsi à la «pression inflationniste» sur le prix des unités de logement à Montréal, dont la valeur ne cesse de grimper. 

«Il est clair qu’on regarde ça avec anticipation, cette nouvelle réglementation-là, parce qu’on a hâte de savoir quelles vont être les règles du jeu», a réagi Roger Plamondon, dont l’entreprise opère également dans la métropole la construction de la nouvelle Maison de Radio-Canada et d’un futur siège social de 40 étages pour la Banque Nationale. 

«En fonction de la nouvelle réglementation, on peut vous assurer que Broccolini ne quittera pas Montréal», a affirmé M. Plamondon. 

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