Les membres de la communauté LGBTQ vivraient plus d’impacts psychologiques négatifs liés à la pandémie que le reste de la population, mais certains d’entre eux seraient aussi plus résilients. C’est ce que tente de démontrer un chercheur de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM).
«On s’entend que la communauté LGBT risque d’avoir plus de problèmes de santé mentale face à la crise de la COVID, simplement parce qu’ils n’ont pas accès aux mêmes ressources que les personnes hétérosexuelles ou cisgenres», explique Robert-Paul Juster, chercheur à l’IUSMM et professeur en psychiatrie à l’Université de Montréal.
Une plus grande vulnérabilité liée à leur statut minoritaire, oui, mais aussi un plus grand potentiel de résilience, croit le chercheur.
C’est d’ailleurs une hypothèse de l’étude: des personnes ayant vécu de la stigmatisation adopteront des comportements de résilience. Par conséquent, ils auront une meilleure santé mentale.
«Par exemple, des hommes gais un peu plus âgés ont déjà fait face à la crise de VIH et du Sida auparavant. On se demande si, comme ils ont déjà fait face à des stresseurs assez intenses auparavant, est-ce qu’ils sont plus résilients face à la COVID?», soulève le chercheur.
Un de ses objectifs sera de déterminer quels facteurs – traumas, expériences difficiles, ou autre- rendent plus vulnérables. Mais aussi à déterminer quels facteurs de protection rendent plus résilient. «On aimerait savoir, comme société, comment on pourrait cultiver ces facteurs de protection », explique le chercheur.
Une méthode de recherche novatrice
Réalisé en collaboration avec plusieurs chercheurs canadiens et américains, le projet de recherche, lancé il y a un peu plus d’un mois, se fait sous forme de sondage en ligne. Des personnes de tout genre et toute orientation peuvent y participer.
Déjà 800 personnes ont rempli le sondage; l’objectif est d’atteindre les 2000 répondants. Selon M. Juster, le projet devrait durer jusqu’à la fin de l’année.
Une deuxième phase du projet est présentement en préparation. Si le financement est au rendez-vous, elle comprendra des entretiens avec certains participants et tests biologiques pour évaluer les niveaux de stress.
Une méthode assez novatrice, selon M. Juster, serait préconisée pour les tests biologiques: le niveau de stress serait évalué par les cheveux et les ongles.
«Dans les cheveux et dans les ongles, on peut regarder les hormones plusieurs semaines et plusieurs mois auparavant. Ça nous donne un calendrier rétrospectif du stress», explique M. Juster.
Aînés LGBTQ+ affectés par la pandémie
Pour Pascal Vaillancourt, directeur général d’Interligne (anciennement Gai écoute), il est vrai qu’historiquement, les personnes de la communauté LGBTQ – comme de toute minorité – font preuve d’une grande résilience.
S’il observe que la détresse des jeunes de la communauté LGBTQ+ a fortement augmenté en début de pandémie, ce dernier soulève une inquiétude particulière face à la solitude les personnages aînés. «De nos jours, les familles LGBT, c’est quand même plus courant. Mais pour nos aînés, à leur époque, ce l’était peut-être moins».
Une problématique spécialement présente dans les résidences pour personnes âgées, où plusieurs aînés «retournent dans le placard», explique Julien Rougerie, chargé de programmes à la Fondation Émergence.
Peur de l’exclusion, manque de services, et de connaissance de la part du personnel – les causes de ce retour au placard sont multiples, et exacerbent une solitude souvent préexistante. Une chose est certaine, selon M. Rougerie: il sera important d’investir plus dans les services à cette communauté.
Une demande qui va d’ailleurs dans le sens d’un des objectifs du projet de recherche de M. Juster: développer des connaissances permettant d’améliorer les services offerts à la communauté LGBTQ+.