C’est le 6 novembre au palais de justice de Montréal que se poursuivra le procès de Gilbert Rozon pour viol et atteinte à la pudeur.
La juge Mélanie Hébert entendra les plaidoiries à ce moment. Elle devra ensuite se pencher sur les deux positions, presque aux antipodes, et les preuves présentées pour trancher.
La victime alléguée, dont l’identité doit demeurer confidentielle, accuse le magnat déchu de l’humour de l’avoir violée dans une demeure de Saint-Sauveur. L’événement se serait déroulé le lendemain d’une soirée en discothèque 40 ans auparavant.
À la barre, la femme aujourd’hui âgée de 60 ans a raconté comment elle s’était réveillée avec Gilbert Rozon par-dessus elle, après avoir repoussé ses avances à deux reprises la veille, dans la voiture, puis dans le salon.
«Je me souviens de la contrainte, de la domination, du pouvoir pour faire quelque chose que je ne voulais pas qu’il fasse», avait-elle raconté mardi devant la juge.
Récit inversé
Selon le récit du fondateur de Juste pour rire, c’est plutôt la plaignante qui l’aurait rejoint dans son lit le matin. «Elle avait enlevé sa blouse et son soutien-gorge. Elle était sur moi à califourchon et était en train de me faire l’amour», avait-il dit mercredi à la cour.
L’accusé de 65 ans a avoué avoir été «saisi» par l’événement et d’avoir trouvé la femme «weird» [bizarre] parce qu’elle «regardait au loin» pendant l’acte.
Preuves
La défense devrait miser sur les différences entre le témoignage de la victime alléguée durant le procès et sa déclaration faite aux policiers en 2017.
L’avocate Isabel Schurman avait longuement questionné la plaignante sur si elle avait ou non demandé à Rozon de mettre fin à la relation sexuelle. «Je ne me rappelle pas des paroles échangées. Le fait d’être étendue dans le lit et de ne participer aucunement à une relation, ça parle», s’était défendue la témoin.
Lors du contre-interrogatoire de l’accusé, l’avocat de la poursuite Bruno Ménard lui a suggéré que c’était lui qui était allé rejoindre la femme dans sa chambre, déçu qu’elle ne le fasse pas d’elle-même. «C’est faux. C’est complètement faux», a répondu Gilbert Rozon.
Il a maintenu son innocence et a juré qu’en aucun cas il avait agressé la femme. «Si j’étais un agresseur, elle n’aurait pas dormi chez moi», a-t-il affirmé alors que maître Ménard le questionnait.
La défense n’a appelé aucun autre témoin à la barre. Les deux parties ont déclaré leur preuve close.