Encore méconnue du grand public, la polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire auto-immune qui peut affecter de nombreuses articulations et provoquer, entre autres, raideurs, gonflements, fatigues et douleurs. Mélanie en a été diagnostiquée à l’âge de 32 ans.
C’est en septembre 2008 que le diagnostic de Mélanie Leclerc, une résidente de Carignan, située sur la Rive-Sud de Montréal, est tombé: polyarthrite rhumatoïde.
«C’était un choc, raconte-t-elle à Métro. Je n’avais aucune idée de c’était quoi cette maladie. Au début j’étais fâchée, en mode réaction, puis très vite j’ai décidé que la maladie n’allait pas mener ma vie.»
Du jour au lendemain, Mélanie n’a plus été capable de bouger correctement ses chevilles, comme si celles-ci étaient raides. Trois mois plus tard, elle ne parvenait plus à faire les gestes quotidiens de la vie, comme couper un concombre, voire même se lever du lit.
«Pour moi, qui était super productive et superwoman, c’était l’une des pires choses qui pouvaient m’arriver.» -Mélanie Leclerc, atteinte de la polyarthrite rhumatoïde.
Une maladie qui peut frapper à tout âge
Contrairement à ce que beaucoup croient, la polyarthrite rhumatoïde n’est pas réservée aux personnes âgées, comme nous l’explique la Dre Isabelle Deschênes, rhumatologue à Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Bon nombre de mes patients pensent qu’ils sont trop jeunes pour faire de l’arthrite. Mais non, il n’y a pas d’âge», dit-elle à Métro.
Le problème, ajoute le Dr Paul Fortin, rhumatologue et chercheur clinicien au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, c’est que les gens confondent souvent arthrose et arthrite.
«Mais ce sont deux maladies complètement différentes, dit-il, et qui n’ont pas les mêmes conséquences».
Si l’on peut vivre normalement avec l’arthrose, une maladie du cartilage, l’arthrite inflammatoire quant à elle est plus «débilitante», ajoute-t-il. Et il n’y a pas de guérison possible.
«Si l’on n’arrête pas l’inflammation, les personnes peuvent vivre des pertes de fonction, des déformations, et se retrouver en chaise roulante. C’est une pente descendante vers le handicap.» –Dr Paul Fortin, rhumatologue
D’immenses progrès de la médecine
Mais ces 30 dernières années, la médecine a fait d’immenses progrès dans le traitement et le contrôle de la maladie. Les traitements sont plus ciblés, indique le Dr Fortin, et ils provoquent moins d’effets secondaires.
Ils sont en outre plus faciles à administrer: par voie orale, et non plus nécessairement par intraveineuses.
«Avoir une polyarthrite rhumatoïde en 2020 c’est différent qu’en 1980. Il est maintenant extrêmement rare qu’on ne puisse pas contrôler la maladie.» -Dre Isabelle Deschênes, rhumatologue
Un long chemin vers la guérison
Cela dit, le chemin vers la guérison reste long, souligne la Dre Deschênes.
«Je le dis aux gens: il faut être patient, ne pas se décourager. Souvent ça met du temps avant qu’on puisse voir des résultats. Aussi, d’autres problèmes peuvent survenir comme des infections», explique-t-elle à Métro.
C’est ce qui est arrivé à Mélanie Leclerc, qui, en raison des traitements, est devenue immunosupprimée.
«En quelques mois, j’ai fait quatre infections graves, et j’ai dû être hospitalisée, raconte Mélanie. J’ai même eu la bactérie mangeuse de chair.»
Finalement, l’autre défi de taille (surtout durant la pandémie) est d’être pris en charge rapidement par le système de santé.
«Plus tôt on va intervenir, mieux on pourra rééquilibrer la maladie. Et là, je parle d’une intervention les 6 à 12 premières semaines après le début des symptômes. Après ça, ça va être plus dur.» –Dr Paul Fortin, rhumatologue
Lâcher prise
Pour Mélanie, après 11 ans de traitements, les choses se sont stabilisées. Selon elle, la maladie lui a permis de lâcher prise sur plein de choses.
«Le terme superwoman n’existe plus dans mon vocabulaire. Je profite au jour le jour», dit celle qui partage ses ressentis sur sa page Facebook.
«Je crois qu’il faut se laisser le droit d’être fâchée, mais ne pas rester longtemps dans cette zone-là. Plus notre mental va être affecté de façon positive, plus ça va se répercuter dans le reste du corps.» – Mélanie Leclerc, atteinte de la polyarthrite rhumatoïde.
Notons que quelque 300 000 personnes au Canada, dont deux à trois fois plus de femmes que d’hommes, sont touchées par cette maladie.
On ne sait pas ce qui la déclenche, même si l’on constate certaines prédispositions génétiques et des facteurs environnementaux ou de stress.