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L’autogestion de la santé mentale: un outil pour mieux aller

L'autogestion est une mesure complémentaire qui peut permettre de mieux gérer sa santé mentale, croit la chercheure Janie Houle. Photo: Archives/Métro Média

Lancé il y a maintenant plus de trois mois, le site web «Aller mieux à ma façon» cumule déjà plus de 10 000 inscriptions. Cet outil d’autogestion de la santé mentale, lancé à l’initiative d’une chercheuse de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, aide à la prise en charge de son bien-être psychologique.

Son usage est simple: à l’aide d’un questionnaire abordant des thématiques tels la santé physique, le fonctionnement au quotidien ou les relations avec les autres, l’utilisateur dresse un portrait des stratégies qu’il utilise déjà, et celles qu’il pourrait adopter, pour bien aller.

«On espère que les gens vont réaliser qu’ils ont un rôle à jouer dans leur santé mentale, comme ils ont un rôle dans leur santé physique», exprime Janie Houle, chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) et professeure au Département de psychologie de l’UQAM, et instigatrice du projet.

À son avis, l’outil pourrait aider à prévenir en amont les problèmes de santé mentale. Bien qu’il ait été développé initialement pour venir en aide aux personnes qui vivent des difficultés en lien avec l’anxiété, la dépression ou le trouble bipolaire, il peut être utilisé par tout adulte, souligne la chercheuse. Et ce, particulièrement en période de pandémie, où le stress et l’incertitude mettent à l’épreuve la santé mentale de tous.

Un outil complémentaire

Mme Houle met cependant en garde: l’autogestion n’est pas un substitut à l’aide professionnelle en santé mentale.

«Consulter un professionnel de la santé, consulter un organisme communautaire, ça fait aussi partie de l’autogestion. (…) L’idée, ce n’est pas s’en sortir tout seul.», explique la chercheuse.

À cet effet, «Aller mieux à ma façon» offre une liste d’une centaine de ressources en santé mentale, tels le 811, des lignes d’écoute ou les services d’organismes communautaires.

Tina Montreuil, psychologue clinicienne et professeure adjointe à l’Université McGill, joint sa voix à celle de Mme Houle pour rappeler que le lien humain thérapeutique est essentiel.

Alors que l’accès aux services de santé mentale reste parfois coûteux et difficile d’accès, la psychologue souligne de plus l’importance de sensibiliser le gouvernement à cet effet.

«Ce type d’outil comme première ouverture vers une quête d’aide peut être très bon. Et ça peut permettre de mettre en lumière des choses qui sont plus abstraites. (…) Mais qu’est-ce qu’on fait avec des des cas très lourds,qui après ça sont plus isolés, et n’ont pas accès à des ressources financières ou sociales?», soulève la thérapeute.

Ne pas se mettre trop de pression

Si elle juge important de prendre sa santé mentale en main, Mme Houle insiste sur l’importance que l’outil ne soit pas perçu comme une obligation de performance.

Même écho pour Tina Montreuil, qui rappelle d’ailleurs que la  perte de contrôle occasionnée par la pandémie peut causer beaucoup de stress.

«Tout ce que qui est sous mon contrôle pour mieux aller, c’est ce sur quoi je dois me concentrer. Tout sur quoi on n’a pas contrôle, comme la pandémie (…) on se fait beaucoup de tort si on se concentre là-dessus», affirme-t-elle.

Par ailleurs, la psychologue souligne que plus l’incertitude liée à la pandémie se prolongera sur une longue période, plus elle aura le potentiel d’avoir des impacts négatifs sur la santé mentale. D’où l’importance de sensibiliser aux enjeux de santé mentale, et de rejoindre le plus de personnes dans le besoin, notamment par le biais d’initiatives similaires.

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