Le conseil municipal de la Ville de Montréal envisagera de retirer le gaz lacrymogène de l’arsenal du Service de police de Montréal (SPVM) lors de la séance du 14 décembre.
En effet, les élus débattront d’une motion déposée par le conseiller municipal du district de Snowdon, Marvin Rotrand, et appuyée par la mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Giuliana Fumagalli.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi matin, plusieurs groupes ont donné leur appui à la motion.
Ceux-ci ont souligné les effets néfastes sur la santé des gaz lacrymogènes, mais aussi le danger que leur utilisation constitue envers la liberté d’expression.
Outil contre les manifestants
En effet, l’outil chimique est de plus en plus souvent utilisé contre des manifestants, même lorsqu’il n’y a aucune menace de violence interpersonnelle ou de blessure, a expliqué l’avocat spécialiste des droits de la personne Vincent Wong.
«L’utilisation du gaz lacrymogène pour disperser des foules pacifiques est illégale. Elle réduit la confiance de la population, car elle peut être perçue comme une mesure de rétorsion des organismes d’application de la loi contre les manifestants et comme une façon de réprimer intentionnellement leurs droits», a précisé M. Wong.
En 2012, année marquée par les manifestations étudiantes, le SPVM a utilisé des gaz lacrymogènes plus de 200 fois.
Selon le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi, plusieurs scènes d’intervention de 2012 sont gravées dans la mémoire collective.
Comme M. Rotrand, il remet en question l’utilisation, souvent abusive et excessive, du gaz lacrymogène comme outil pour contrôler les foules.
«Il faut respecter les droits et libertés garantis par la charte. Les interventions de la police doivent toujours être proportionnées, mais ce n’est pas le cas lorsque le gaz lacrymogène est utilisé alors que l’on pourrait employer des mesures de contrôle de foule moins dangereuses», a déclaré M. Niemi.
Les données sur l’utilisation de l’outil chimique en 2020 ne sont pas encore disponibles. Toutefois, Marvin Rotrand soutient que les policiers s’en sont servi cet été lors des manifestations dans la foulée du mouvement Black Lives Matter.
Emboîter le pas
Par ailleurs, la motion demande à la Commission de la sécurité publique de Montréal de suivre de nombreuses villes américaines.
En effet, selon la vice-présidente de l’Association Jamaïcaine de Montréal, Sharon Nelson, qui représente une coalition de 30 organismes communautaires, les villes de Philadelphie, Seattle, Portland, Pittsburgh et de La Nouvelle-Orléans ont déjà interdit l’utilisation de gaz lacrymogène ou y ont appliqué d’importantes restrictions.
Le conseiller Rotrand et la mairesse Fumagalli espèrent que leurs efforts inciteront d’autres conseils municipaux au Canada à prendre des mesures.
Appelés à réagir, le cabinet de la mairesse Valérie Plante et la Fraternité des policiers et policières de Montréal n’avaient pas encore fait suite aux demandes de Métro.