Deux études récentes confirment coup sur coup que le gouvernement du Québec a bien fait de retarder la deuxième dose de vaccin, mais que cette deuxième dose est maintenant nécessaire pour se protéger contre le variant Delta.
Le gouvernement de François Legault a misé fortement sur l’administration d’une première dose de vaccin contre la COVID-19 afin d’offrir une protection minimale au plus grand nombre possible de Québécois. Pour ce faire, il a décidé de retarder l’administration de la seconde dose à 16 semaines, puis huit semaines.
Cette décision contraste avec la pratique adoptée par de nombreux pays comparables, qui ont suivi autant que possible les recommandations des fabricants à ce sujet (généralement trois ou quatre semaines). Israël, par exemple, est le pays le plus vacciné au monde avec près de 60% de la population étant pleinement vaccinée. Mais seulement 63% de la population a reçu au moins une dose, contre presque 73% au Québec (82% de la population âgée de 12 ans et plus).
Protection élevée contre les souches actuelles
Selon une étude actuellement en prépublication, le modèle québécois semble avoir fait ses preuves. Un échantillon de 58 476 travailleurs de la santé du Québec, dont 5316 ayant contracté la COVID-19, indique que la vaccination à une dose des vaccins de Pfizer/BioNTech ou Moderna confert est efficace à 70% contre les infections. Elle protège à 97% contre les hospitalisations.
La vaccination à deux doses offrait une protection à 86% contre les infections et 100% contre les hospitalisations à l’intérieur du groupe étudié.
De plus, l’efficacité du vaccin ne semblait pas diminuer pendant les 16 semaines entre les doses.
«Une seule dose de vaccin à ARN messager a offert une protection substantielle et soutenue aux travailleurs de la santé, protection qui a duré au moins quatre mois après la vaccination. Dans un contexte de pénurie de vaccin, retarder la seconde dose peut être une stratégie pertinente à considérer pour la santé publique», écrivent les chercheurs.
Deux doses nécessaires contre le variant Delta
Parallèlement, une autre étude publiée dans la New England Journal of Medicine montre que l’efficacité d’une seule dose du vaccin Pfizer/BioNTech est fortement diminuée en présence du variant Delta.
Ce variant est actuellement peu présent au Québec, mais plusieurs personnes craignent son arrivée avec l’ouverture de la frontière américaine. Il est présentement associé avec une «quatrième vague» de la pandémie dans plusieurs pays, notamment la France, le Royaume-Uni, l’Inde et les États-Unis.
Selon l’étude, qui regroupe 171 834 individus, l’efficacité d’une seule dose du vaccin Pfizer était de 47,5% contre le variant Alpha. C’est le variant actuellement dominant au Québec. Cette efficacité diminuait à 35,6% pour le variant Delta.
Avec deux doses, l’efficacité montait toutefois à 93,7% contre le variant Alpha et 88% pour le variant Delta.
La performance du vaccin d’AstraZeneca était quelque peu moindre: seulement 67% d’efficacité contre le variant Delta après deux doses.
Le ministre implore les jeunes
Jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a souligné le lien entre la vaccination et les nouveaux cas de COVID-19. Il souligne que le variant Delta risque de prendre de l’importance au Québec.
Il en a rajouté vendredi, soulignant que les jeunes de 18 à 29 ans sont à 70% de vaccination à une seule dose depuis plusieurs jours.
«Les jeunes doivent faire la différence si on veut éviter d’utiliser le passeport vaccinal», écrit le ministre.
Le gouvernement du Québec a récemment annoncé qu’en cas de quatrième vague, il utiliserait la formule du «passeport vaccinal» pour avoir accès aux services non essentiels. Cette formule remplacerait un nouveau confinement.