Au deuxième jour du dernier volet de l’enquête publique portant sur le décès de Pierre Coriolan, un représentant du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a défendu la restructuration de la formation continue des policiers en 2018.
Hier, un ex-policier du SPVM avait dénoncé à la barre une «détérioration massive» du maintien des compétences et de la formation des agents depuis l’arrivée en poste du directeur de l’organisation, Sylvain Caron.
Policier à la retraite depuis 2020, Stéphane Wall a mentionné que la nouvelle direction a «créé un vide chez le maintien des compétences des policiers» en restructurant la «communauté de pratique» à la fin 2018.
Cette dernière organisait des formations continues par le biais de 120 coachs répartis dans les 33 postes de quartier.
Chef de section à la formation et maître instructeur en emploi de la force au SPVM, Salvatore Serrao a pu répondre aux propos de M. Wall mardi matin devant le coroner.
«La raison de cette restructuration-là et de ramener les coachs au sein de la division de formation, c’était vraiment d’offrir une meilleure structure et d’assurer une uniformité au niveau du message qui est véhiculé», a-t-il déclaré.
Aujourd’hui, les 105 coachs en emploi de la force ont été centralisés et peuvent travailler dans une quarantaine d’unités.
Formation en désescalade
Par ailleurs, le SPVM a créé en 2019 une nouvelle formation obligatoire en désescalade et en endiguement dans le but de mieux intervenir auprès des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
Cette formation de deux à trois jours comporte des «appels simulés» de gestion de crise avec des acteurs professionnels. Avant 2018, ces «appels simulés» se faisaient plutôt durant les quarts de travail.
«La journée qu’on m’avait ciblée pour faire cet appel simulé, si je recevais un appel plus urgent ou si j’étais pris sur une arrestation, je manquais ma chance de faire l’appel simulé», a expliqué Salvadore Serrao.
Si le SPVM avait assuré en 2019 que l’ensemble de ses patrouilleurs feraient cette formation d’ici 2022, ce ne sera pas le cas, a laissé savoir M. Serrao.
«La pandémie est venue ralentir nos opérations parce qu’il y a eu un terme à cette formation-là, mais elle a repris. Également, ce qui peut ralentir la formation, c’est l’embauche massive de recrues», a-t-il dit.
Aucune requalification de prévue en désescalade
Un autre élément que dénonçait lundi le policier à la retraite Stéphane Wall est le fait que la formation des agents Réponse en intervention de crise (RIC) portant sur l’intervention de première ligne auprès de personnes en crise grave ou aiguë n’était pas reconduite annuellement.
Mardi matin, Salvadore Serrao a indiqué qu’actuellement rien n’était mis en place pour requalifier les policiers qui suivent la formation en désescalade et en endiguement.
À titre de comparaison, la formation en maniement d’armes demande une mise à niveau annuelle.
«C’est une imperfection, a-t-il convenu. D’où l’importance de pouvoir utiliser un système de coaching structuré. On va quand même utiliser ces coachs-là pour revoir les techniques de désescalade.»