La journée du 29 mars 2020 et les jours qui ont suivi restent gravés dans la mémoire de Samantha Chowieri, la propriétaire du CHSLD Herron où 47 des 150 résidents sont décédés durant la première vague de COVID-19.
Mme Chowieri a témoigné mercredi au palais de justice de Longueuil devant Me Géhane Kamel, la coroner en charge de l’enquête publique qui vise à élucider les circonstances entourant les décès.
Le 29 mars 2020 au matin, Samantha Chowieri reçoit un appel du directeur de l’établissement privé, Andrei Stanica, qui lui indique que c’est le «chaos».
À la suite d’un premier cas positif déclaré le 27 mars 2020, M. Stanica fait part au CIUSSS du Ouest-de-l’île-de-Montréal qu’il a besoin de support puisqu’il manque d’équipement et de personnel, selon son témoignage mercredi matin.
Ce n’est toujours pas clair pour Mme Chowieri si les employés du CHSLD ont quitté pendant la nuit du 28 au 29 ou s’ils ne se sont même jamais présentés à leur quart de travail. C’est après cette nuit-là qu’on a retrouvé des résidents souillés, qui n’avaient pas mangé ni bu depuis un certain temps.
Samantha Chowieri a passé la journée du 29 mars à faire «une centaine» d’appels afin de trouver du personnel qui pouvait rentrer travailler dans les 24 prochaines heures.
Je frappais juste des murs. J’ai fait mon possible. Je n’avais jamais fait face à une situation comme ça. Quand le gouvernement est arrivé sur place, j’ai eu espoir pour les résidents.
Samantha Chowieri
La mise sous tutelle, un «choc»
Or, le lendemain, quand Samantha Chowieri apprend que son établissement est mis sous tutelle par le CIUSSS, à la demande du Ministère, c’est l’incompréhension totale.
Une des responsables du CIUSSS dépêchée au CHSLD Herron, Brigitte Auger, lui fait part du fait que le centre ne fonctionne pas bien depuis longtemps et qu’il y a de la «maltraitance».
«On fait appel au CIUSSS depuis le 27 mars. J’essaie de comprendre vraiment pourquoi ils ne sont pas venus le 27, ou même avant, s’ils avaient ce sentiment là […]. Qu’est-ce qu’on a fait pour se rendre là?», a déclaré Mme Chowieri à la coroner.
La témoin soutient que le CIUSSS n’a jamais répondu à ses questionnements et que c’était «flou» pour elle, ce que le CIUSSS attendait d’elle après le 30 mars.
La propriétaire a tout de même continuer d’aider avec la recherche de personnel et les horaires jusqu’au 10 avril, date à laquelle le CIUSSS lui a ordonné de quitter. «C’était un choc pour moi et ma famille. Il y avait des accusations que je ne comprenais plus», a-t-elle affirmé.
Le contre-interrogatoire de Samantha Chowieri se poursuivra jeudi matin au palais de justice de Longueuil.