Le dernier conseil municipal de la Ville de Montréal a pris des allures de campagne électorale puisque l’administration en poste a dû se défendre face à l’opposition sur divers points de désaccord. Les échanges ont parfois été fort tendus.
L’opposition d’Ensemble Montréal est revenue sur la stratégie entourant le vote par correspondance aux prochaines élections municipales. «Pourquoi l’administration fait tout en son pouvoir pour réduire la participation électorale? A-t-elle peur de donner au plus grand nombre de Montréalais la chance d’exprimer sa volonté aux urnes? […] La mairesse peut-elle s’engager à ce que l’issue du vote ne soit pas un vol», a demandé le porte-parole du parti, Lionel Perez, à Valérie Plante.
Il y a aura quatre jours de vote, deux par anticipation et deux le jour du vote. Et aussi le vote pour les 70 ans et plus vulnérables […]. C’est quand même fascinant que vous [Ensemble Montréal] vous placiez en défenseur de la démocratie, en disant que l’on veut éliminer les votes. Je tiens à rappeler que c’est Ensemble Montréal qui voulait tenir des élections partielles à Saint-Léonard en pleine 2e vague. À un moment donné, faut être cohérent. Sur ce, je souhaite un bon conseil à tout le monde.»
Valérie Plante, mairesse de Montréal
«Cette restriction du vote par correspondance [ne se trouve] nulle part ailleurs au Québec. L’administration veut réduire le vote», ajoute le conseiller de Snowdon dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Marvin Rotrand. Des villes comme Québec, Gatineau ou Sherbrooke permettent cette mesure, mentionne le conseiller. La Ville de Montréal a plutôt opté pour le vote par correspondance seulement pour les personnes de 70 ans et plus dites vulnérables.
Le conseiller Rotrand a dû être rappelé à l’ordre car il a, dans son préambule de question, émis de l’opinion ce qui est contraire au règlement. «Élections Montréal, qui organise les élections, est une entité indépendante. Celle-ci propose plus de 40 heures de vote, et deux jours de vote par anticipation. Cette mesure est respectueuse des Montréalais», a précisé la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier. Le vote par anticipation s’effectuera les 30 et 31 octobre tandis que les jours de vote sont établis pour les 6 et 7 novembre.
Sécurité
Le conseil municipal a entériné plusieurs ententes en matière de sécurité entre la Ville de Montréal et le ministère de la Sécurité publique. Il était question notamment de partenariats annoncés il y a peu, comme l’Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) et l’Équipe de soutien aux urgences psychosociales (ESUP) du SPVM.
«On a failli au niveau de la sécurité, on est en retard. On se retrouve avec des jeunes qui tombent dans la criminalité. La responsable de la métropole n’a pas été proactive. Je suis heureux des partenariats, mais ils arrivent trop tard», a expliqué le conseiller de Marie-Clarac dans Montréal-Nord, Abdelhaq Sari, mentionnant au passage que sans le ministère de la Sécurité publique, «on n’aurait eu aucune action».
La mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, réplique que la Ville a été proactive. «On n’a pas attendu après Québec pour créer l’ELTA, créer des équipes de soutien aux postes de quartier ou doubler le programme de prévention jeunesse. Nous ne sous-estimons pas le dossier de la sécurité.»
La pire chose à faire, c’est de politiser ce sujet comme le fait M. Sari. […] Un citoyen veut savoir ce que l’on fait concrètement sur le terrain, c’est ce que j’explique aux personnes que je rencontre et c’est ce que je vais continuer à faire, M. Sari, peu importe la teneur de vos interventions. Ce n’est pas un travail qui se règle en un claquement de doigts.
Caroline Bourgeois, responsable de la sécurité publique au comité exécutif
J’aimerais que la responsable de la sécurité publique ait une certaine retenue lorsqu’elle dit que j’aborde le sujet sous l’angle de la partisanerie. Loin de là, je les aborde comme père de famille et citoyen de Montréal. J’espère qu’au lieu de préparer ses réponses au préalable, la responsable va écouter ce que je dis et répondre à mes points directement, ou à nos citoyens.
Abdelhaq Sari, porte-parole de l’opposition en matière de sécurité publique
M. Sarri a été accusé par François Limoges d’avoir eu un comportement déplacé envers Mme Bourgeois lors de l’échange. «Il y a beaucoup d’appels à ce que Mme Bourgeois doit faire comme ceci, doit écouter, ne pas prendre de notes, etc. C’est vraiment très déplacé comme commentaire. En anglais, ça s’appelle du mansplanning», est intervenu le conseiller de Saint-Édouard, dans Rosemont-La-Petite-Patrie.
Scepticisme autour d’une station du REM de l’Est
CDPQ Infra avait émis une réserve foncière sur l’emplacement d’un projet d’épicerie de Sobey’s pour y implanter la future station du REM de l’Est. Mais d’après le maire d’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, et son conseiller, Éric Alan Caldwell, l’institution aurait fait marche arrière et l’épicerie pourra voir le jour.
L’opposition doute du fait que la station Contrecœur sera officiellement déplacée. «On s’est habitué à ce que Projet Montréal fasse des grandes annonces pour se rendre compte plus tard que ce n’était pas possible. Vous comprendrez mon scepticisme quand seulement Projet Montréal dit que la station sera déplacée, CDPQ Infra est restée muette. On ne sait pas où la station sera déplacée, ni le coût, ni quand. Comment le maire peut-il faire cette annonce sans sortie publique du promoteur?», a questionné la conseillère de Louis-Riel, dans MHM, Karine Boivin-Roy.
«CDPQ Infra a, dans ses consultations, pris en compte les attentes du public. On est content de voir que l’on vit dans un monde où les interlocuteurs s’écoutent», a expliqué Éric Alan Caldwell. «Quand on a su qu’un droit de réserve a été émis, on s’est empressé de communiquer avec CDPQ Infra pour s’assurer qu’ils libèrent le terrain afin que Sobey’s aille de l’avant rapidement. Le projet d’épicerie ne se bloque pas», a assuré Pierre Lessard-Blais.
Racisme systémique
Marvin Rotrand, qui quitte l’hôtel de ville à l’issue du scrutin municipal en novembre, a appelé les prochains élus à travailler de concert sur ce dossier. «J’aimerais que la ville et les prochains élus s’engagent beaucoup plus dans cette voie car la question de la lutte au racisme systémique n’est pas une question partisane.» Le rapport de la Commission sur le développement social et la diversité montréalaise en matière de lutte au racisme systémique est un «peu léger» à son goût. «L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a émis des recommandations et l’administration convient qu’il y a un problème. Mais elle ne fait rien à ce sujet sauf la création du bureau de la commissaire à la lutte au racisme (recommandation 38) annoncée en janvier mais, depuis, je ne vois pas de progrès.»
En réplique, la conseillère de Peter-McGill dans Ville-Marie, Cathy Wong, a expliqué que depuis un an de nombreuses choses ont été faites. «Il y a, comme l’a mentionné M. Rotrand, la création du bureau de la commissaire à la lutte au racisme, mais aussi la politique sur le profilage ou les interventions, le bureau de l’équité des services incendies de Montréal, une première.»
Un projet de logements adopté
Le règlement autorisant un emprunt de 95 millions dans le cadre de la stratégie de construction de 12 000 logements sociaux a été adopté. «Ce règlement de 95 millions, c’est du jamais-vu. Il n’y a pas une administration qui s’est autant impliquée dans le dossier du logement. Je suis très fier de ce geste concret qui montre que la ville investit pour aujourd’hui et demain», a indiqué le conseiller de Saint-Jacques dans Ville-Marie, Robert Beaudry.