Les bris de services seront nombreux dans le réseau de santé lorsque la vaccination des travailleurs de la santé deviendra obligatoire, le 15 octobre. C’est ce que craignent cinq syndicats.
Près de 5% des travailleurs de la santé seraient non vaccinés, ce qui signifie que 13 500 travailleurs se retrouveront suspendus, selon l’estimation des syndicats. Ces chiffres ne demeurent toutefois que des estimations, et les syndicats dénoncent que Québec ne connaisse pas le nombre exact de travailleurs qui quitteront le réseau le 15 octobre.
«On a besoin de données pour savoir l’ampleur de la crise, exige la présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ), Claire Montour. Il reste quelques jours et on nous demande de conduire à l’aveugle dans un brouillard total. On va se réveiller un matin et il y aura un mur.»
«Déjà, le réseau s’approche de la rupture de service, alerte Mme Montour. Le personnel est malade, épuisé tant physiquement que mentalement. On va leur demander quoi? De faire semblant qu’il n’y a pas de bris de service?», questionne-t-elle.
Réunis par le Parti québécois, les syndicats demandent au gouvernement de repousser la date prévue pour la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. Un plan concret devrait être mis en place de concert avec les syndicats avant l’imposition de la vaccination obligatoire, estime-t-on.
«On se retrouve dans une situation où le remède est pire que la maladie», illustre le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, en référence à la vaccination obligatoire.
Du jamais vu
Le niveau d’épuisement professionnel dans le réseau de la santé a atteint un sommet inédit, constatent les associations qui représentent les médecins et les infirmières du Canada. Elles ont tenu un sommet mardi, afin de cibler les priorités et de mettre de la pression sur l’État.
Des mesures «décisives à long terme» doivent être prises pour répondre aux pénuries de personnel, maintient-on. Des solutions doivent être mises sur pied pour offrir un «répit immédiat» au personnel de santé dans les endroits les plus touchés par la COVID-19.
«Plutôt que d’adopter des initiatives concrètes, les gouvernements se lancent la balle, ils continuent d’étudier le problème. On ne voit pas de mesures pour régler le problème. Tant qu’aucun engagement ferme ne sera pris, le problème ne sera pas réglé», martèle la présidente de l’Association médicale canadienne (AMC).
Le plan du gouvernement du Québec pour ramener des infirmières au travail, qui inclut des primes, est insuffisant, selon l’AMC. «Le soutien est toujours apprécié, c’est un pas dans la bonne direction, acquiesce le représentant du Québec à l’AMC, Abdo Shabah. Mais quand on regarde les demandes au niveau des infirmières, c’est surtout au niveau des conditions de travail. On parle d’horaire, de temps supplémentaire obligatoire (TSO) et de ratios.»
Des mesures de santé publique plus fermes doivent également être prises pour prévenir l’effondrement du système de santé. On propose notamment d’octroyer plus de pouvoir aux conseils scolaires pour intervenir en cas de crise, pour permettre des interventions plus directes.
Un soutien en santé mentale immédiat, puis à plus long terme, est finalement demandé.