Le dévoilement ce matin de la plateforme Desjardins-Holness, issue du parti nouvellement fusionné Mouvement Montréal, a confirmé que Balarama Holness ne fera pas marche arrière sur plusieurs enjeux clivants, comme l’idée de faire de Montréal une ville bilingue et le définancement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). M. Holness souhaite plutôt apporter des nuances aux positions prises avant la fusion avec Ralliement pour Montréal.
Nous allons mettre de côté nos différences sur la question de la langue et adresser les enjeux et les besoins réels des Montréalais et Montréalaises. […] Oui on a une différence en termes linguistiques, mais c’est moins important que la possibilité d’avoir Plante ou Coderre [à la mairie].
Balarama Holness
Sur la question du français, M. Holness propose la tenue d’une consultation d’un an de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), dans la seconde partie d’un mandat de Mouvement Montréal. La consultation porterait sur «l’utilisation des langues anglaise et française au sein des institutions publiques et privées».
La consultation permettra, comme l’explique Marc-Antoine Desjardins, de «prendre le pouls» de la ville. La question serait ensuite tranchée par référendum. Mais seulement «si Montréal veut un référendum», précise M. Holness.
À noter que seul le gouvernement du Québec est en position de modifier ou d’amender la Charte de la Ville, sur demande de la Ville de Montréal. Mais selon Balarama Holness, «l’Assemblée nationale ne peut pas déterminer le caractère et la nature de la Ville de Montréal».
Son co-chef, Marc-Antoine Desjardins, avait pourtant écarté l’idée d’une révision du statut linguistique de la Ville. M. Desjardins l’expliquait sur les ondes de Radio-Canada, début octobre. «Il n’y aura aucune modification de la charte, c’est fondamental. Il n’y aura pas de poursuite dans la voie du bilinguisme de la Ville, Montréal restera une ville française», avait alors affirmé M. Desjardins.
«Au niveau linguistique, on a deux visions divergentes, mais on ne va pas créer une guerre linguistique. On n’a pas besoin de ça», a déclaré Marc-Antoine Desjardins mardi, lors de la présentation de la plateforme. M. Desjardins entend mettre l’accent sur le français et sur «l’enjeu de l’inclusion des immigrants en français».
Définancer le SPVM, réallouer les sommes
Au sujet du définancement du SPVM, Balarama Holness maintient qu’il souhaite réduire le budget du SPVM. Pour le candidat, les partis Ensemble Montréal et Projet Montréal investissent «aveuglément» dans le SPVM, une situation qu’il entend renverser. Son parti entend réduire les dépenses du SPVM, «notamment en éliminant et en gelant les nouveaux projets».
En conférence de presse, M. Holness a évité le terme «définancement». Il préfère maintenant parler de «réallouer» les fonds du SPVM vers la prévention et vers une police «plus flexible, dynamique et valorisée».
Le mouvement pour le définancement de la police demande depuis longtemps de réaffecter les sommes prévues pour la police vers des dossiers sociaux comme l’itinérance et la lutte contre la pauvreté.
Parmi les projets où M. Holness entend faire des économies de ressources, on retrouve un champ de tir prévu pour les deux prochaines années.
Quelques jours après la fusion, Marc-Antoine Desjardins, ex-chef de Ralliement pour Montréal, avait déclaré être formellement opposé au définancement du SPVM. «Ce n’est pas du définancement mais de la gestion», a-t-il dit mardi.
Par ailleurs, pour «améliorer la santé urbaine et limiter le décrochage», M. Holness propose un investissement d’un milliard de dollars, soutenu par le fédéral et le provincial, dans des installations de sports, de loisirs et de récréation à Montréal.
Montréal sera plus dangereuse sous une administration Plante ou Coderre parce qu’ils évitent tous deux de rendre des comptes et ne s’attaquent pas à la cause profonde de la violence urbaine: la pauvreté, l’exclusion sociale et la marginalisation.
Balarama Holness
De plus, Balarama Holness veut mettre sur pied une reddition de compte pour que «chaque dollar dépensé par le SPVM» soit «rendu public» et «comptabilisé». Une position que soutient Marc-Antoine Desjardins. Il souhaite également que cette «politique permanente de reddition de compte budgétaire» soit appliquée à tous les niveaux de la bureaucratie montréalaise pour en favoriser l’efficacité.
Mouvement Montréal entend représenter la «troisième voie» lors du débat économique du 18 octobre, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Le parti n’a pas été convié au débat, mais une pétition a été transmise à cet effet à la CCMM.
La pétition demande à la CCMM d’intervenir dans le dossier de la non-invitation de M. Balarama Holness au débat économique. Balarama Holness et Marc-Antoine Desjardins espèrent faire gagner la «troisième voie» lors du scrutin municipal du 7 novembre.