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Décès en CHSLD: nouveaux appels à une enquête publique à TLMEP

Le journaliste Thomas Gerbet et l'avocat Me Patrick Martin-Menard.

Le journaliste Thomas Gerbet et l'avocat Me Patrick Martin-Ménard reviennent sur la première vague de COVID-19 qui a durement touché les CHSLD.


Les débats des derniers jours entourant les décès en CHSLD ont eu un écho sur le plateau de TLMEP dimanche, y compris la demande de tenir une commission d’enquête publique sur le sujet.

Le journaliste Thomas Gerbet et l’avocat Me Patrick Martin-Ménard sont revenus sur la première vague de COVID-19, qui a durement touché les CHSLD, ainsi que sur les rapports d’inspection dont le gouvernement a initialement nié l’existence. Tous deux pointent du doigt les zones d’ombre qui existent encore, notamment pour la période de février à avril, où, semble-t-il, on «a tardé à agir».

L’enquête de la coroner doit révéler si des manquements ont eu lieu lors de la première vague de COVID-19 dans les CHSLD. Les auditions sont d’ailleurs reportées puisque des documents manquants ont finalement pu être retrouvés. Les investigations de M. Gerbet ont permis ce retournement de position.

À partir de la mi-avril, des inspecteurs ont sillonné les CHSLD, et la sous-ministre adjointe à la nouvelle direction générale des aînés et des proches aidants du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Natalie Rosebush, a affirmé à la coroner que les rapports étaient seulement verbaux. «Lors de la première vague, je m’étais intéressée à ces visites. […] J’étais en contact avec des inspecteurs et j’avais vu les rapports qu’ils devaient remplir. Je savais que ce n’était pas que verbal. […] Ça collait pas. Après avoir posé quelques questions, le gouvernement a dit “finalement on les a retrouvés”», explique M. Gerbet. Mme Rosebush va être réentendue.

«Il y a des gens qui ont tardé à faire des choses»

Thomas Gerbet explique que, dès janvier, la Chine, productrice mondiale de matériel de protection, avertissait qu’elle manquerait de masques. Le 7 février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquait qu’il y aurait une pénurie mondiale de masques. «C’est seulement à la fin février qu’on fait la première commande de masques. Alors pourquoi on a tardé?»

De plus, les représentants du gouvernement comme l’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, affirment avoir pris conscience de la vulnérabilité des CHSLD dès la fin janvier. «Croyons leurs paroles, mais que s’est-il passé ensuite? […] Quand on regarde les archives, on ne parle pas des CHSLD. On en parle en février: on annonce de l’argent pour redécorer les CHSLD. […] C’est vraiment en avril que l’on a agi. Donc, qu’est-ce qu’il s’est passé entre ces deux mois-là? Il me semble qu’il manque des réponses.»

L’avocat Patrick Martin-Ménard explique d’ailleurs que le Québec était doté d’un plan depuis le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). «On avait un plan depuis 2006 qui prévoyait le scénario que l’on a connu avec les choses concrètes qui devaient être faites dès l’apparition d’une menace biologique. […] On ne l’a activé que très tardivement autour de début mars», explique Me Patrick Martin-Ménard.

On n’a pas fait ce que prévoyait le plan dès le début janvier, dont l’acquisition d’équipement de protection, la mise en place de mesures de prévention et de contrôle des infections, la formation du personnel […]. On a véritablement dormi au gaz.

Me Patrick Martin-Ménard, représentant des familles de six victimes

En entrevue à TLMEP, l’avocat a indiqué qu’il aimerait que Québec déclenche une commission d’enquête publique sur les décès survenus en CHSLD pendant la première vague.

Plusieurs choses abominables se sont produites dans les CHSLD. On parle de patients qui sont morts de faim et de soif parce qu’il n’y avait pas de personnel pour offrir les soins de base. Ce sont des choses qui se sont réellement produites et, selon moi, on en a pas suffisamment parlé. Collectivement, on a un devoir envers ces gens-là d’aller jusqu’au fond et d’apprendre les leçons pour être certain que cela ne se reproduise pas.

Me Patrick Martin-Ménard, représentant des familles de six victimes

Me Martin-Ménard faisait écho aux propos tenus un peu plus tôt par le coporte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Aînés placés, modèle québécois

Au début de la pandémie, le Québec avait le regard tourné sur ce qui se passait en Europe, notamment en Italie, où les hôpitaux étaient saturés. «L’Italie a une réalité différente du Québec pour les aînés. Ils sont beaucoup plus dans leurs familles, trois fois moins qu’en hébergement. On pensait que l’invasion allait être dans les hôpitaux, on a même délesté des aînés vers les CHSLD. Mais en réalité, le problème était dans les CHSLD. On n’a peut-être pas assez regardé notre réalité», explique le journaliste Thomas Gerbet.

On est un des endroits du monde où l’on place le plus nos aînés. Donc ça prend des ressources et, même avant la pandémie, on les avait pas, ces ressources-là.

Thomas Gerbet, journaliste à Radio-Canada

Le ministère de la Santé, comparé à un «mammouth», a connu quelques failles, notamment en matière de communication. «Les généraux de notre armée n’avaient pas conscience de ce qui se passait sur le terrain de nos soldats. Et quand les soldats voulaient faire valoir ce qui se passait sur le terrain, les généraux n’en avaient pas conscience parce qu’on communiquait avec des fax ou des systèmes informatiques qui ne se parlent pas.»

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