Après avoir exposé ses photos inédites sur les communautés juives hassidiques à travers le monde, la photographe polonaise Agnieszka Traczewska dévoile à Montréal son exposition Un monde ravivé, qui révèle un univers habituellement caché aux étrangers.
Mme Traczewska a passé quinze ans à documenter la vie quotidienne des Hassidim d’un continent à l’autre, motivée par la minimisation de la présence et de la participation des Juifs dans l’histoire et la société polonaises par les autorités communistes après 1945. Elle célèbre ainsi le renouveau du hassidisme après l’Holocauste.
«Je tenais à garder vivante la mémoire de ceux qui sont disparus dans mon pays», a lancé la photographe lors du vernissage de son exposition à la Galerie d’Outremont le 18 avril, journée commémorative de l’holocauste au Canada (Yom HaShoah).
L’exposition présentée jusqu’au 28 mai met en lumière une sélection de photos tirées de son livre A Rekindled World, qui témoigne de la renaissance des Hassidim au-delà de l’Europe de l’Est, en Israël, aux États-Unis, au Brésil et en Belgique, notamment.
Immersion dans leur milieu de vie
Étant femme et n’étant pas juive elle-même, l’artiste originaire de Cracovie a réussi à gagner la confiance des Hassidim durant les années qu’elle a passées à documenter leur vie et leurs coutumes. Cela se reflète sur ses images magnifiquement construites, qui dévoilent un portrait intime de la communauté hassidique contemporaine.
Quand on traverse la frontière et qu’on s’immerge dans la culture hassidique, on découvre un monde complètement différent de celui qu’on voit de l’extérieur.
Agnieszka Traczewska
«Je suis impressionné de constater l’accès privilégié qu’elle a eu à la vie et aux célébrations de notre communauté», a exprimé le représentant du Conseil des juifs hassidiques du Québec, Mayer Feig, lors du vernissage.
Réouvrir un chapitre de l’histoire
Le maire d’Outremont, Laurent Desbois, a salué le partenariat entre l’arrondissement et le Consulat général de la République de Pologne, qui rend possible la mise en lumière du travail de l’artiste à Montréal, où les Juifs hassidiques sont présents depuis les années 1880.
«La tenue de cette exposition hors du commun à Outremont témoigne de notre volonté de bâtir des ponts entre les diverses communautés», a-t-il exprimé.
Le consul général de la République de Pologne à Montréal, Dariusz Wiśniewski, se réjouit pour sa part de la vitrine offerte au travail de sa compatriote, essentiel, selon lui, pour comprendre un chapitre oublié de l’histoire polonaise.
«De la fin de l’Holocauste au début de la transition démocratique en 1990, la communauté juive a été effacée de l’histoire polonaise malgré leur présence pendant près de neuf siècles. Nous essayons aujourd’hui de reconnaître leur présence et de récupérer le temps perdu», a-t-il souligné.
Des visites commentées, des conférences et des activités interculturelles seront organisées pendant la durée de l’exposition Un monde ravivé, qui s’inscrit dans les activités du Plan de développement culturel d’Outremont 2021-2026.
Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.