Ahuntsic-Cartierville

«Des problèmes majeurs» dans les gares du Train de l’Est

Les gares montréalaises du Train de l’Est sont trop isolées et mal aménagées pour séduire les usagers, selon un diagnostic posé par l’organisme Tandem, financé par la Direction de santé publique de Montréal.

Pendant six mois, des membres de quatre filières Tandem de Montréal ont effectué sondages, marches exploratoires et études des sept gares de l’est de la métropole, sur la ligne Mascouche.

Après la collecte de données, le constat était clair pour les organismes.

«Il y a des problèmes majeurs dans chaque gare, des lacunes pour ce qui a trait à la sécurité des piétons, des usagers du transport en commun et des cyclistes», affirme Stéphanie Lemay, conseillère en sécurité urbaine à Tandem Ahuntsic-Cartierville et coordonnatrice du Diagnostic de sécurité autour des gares du Train de l’Est.

Cinq des sept gares sont isolées dans des secteurs peu développés, ce qui «approfondit le sentiment d’insécurité», particulièrement à la tombée du jour, souligne Mme Lemay.

En exemple, on évoque la gare de Rivière-des-Prairies, entourée de boisés et de terrains vacants, dans un secteur où l’on ne trouve ni commerce ni résidence. Par contre, elle est à distance de marche du centre de détention Rivière-des-Prairies, de l’institut psychiatrique Pinel et du centre de détention jeunesse la Cité des Prairies.

Seules les gares Ahuntsic et Sauvé ont été intégrées dans le tissu urbain. «Néanmoins, toutes les gares sont peu achalandées hors des heures de pointe, ce qui fait que les usagers, surtout les personnes seules, ne s’y sentent pas en sécurité», ajoute la coordonnatrice.

Plusieurs cas de vandalisme ont été répertoriés depuis l’ouverture des gares, dont les écrans de celle de Pointe-aux-Trembles qui ont été vandalisés à deux reprises.

Le rapport évoque également le manque généralisé d’abris sur les quais, laissant les usagers sans recours face aux intempéries.

Inaccessibilité
Le document indique que 57% des répondants au sondage habitent à moins de trois kilomètres d’une gare, mais que 92% d’entre eux s’y rendent en voiture.
Tamdem explique ce recours à la voiture par la déficience des aménagements pour promouvoir le transport actif.

Par exemple, plusieurs gares possèdent des supports à vélo, mais plus de la moitié d’entre elles ne sont pas reliées à une piste cyclable. De plus, «Il y a un problème d’agencement entre les horaires des autobus et des trains et il y a des faiblesses majeures en terme d’aménagements sécuritaires pour les piétons. Il est alors plus simple et sécuritaire de s’y rendre en automobile qu’en autobus ou à pied», fait remarquer Mme Lemay.

Les personnes à mobilité réduite ont également des limitations pour utiliser les gares, alors que les édicules des gares Sauvé et Saint-Léonard–Montréal-Nord n’ont pas d’ascenseur.

Pistes d’actions
Tandem suggère entre autres d’ajouter des traverses et des feux piétons aux intersections à proximité des gares, ce qui permettrait de faciliter les déplacements à pied des usagers.

L’augmentation de la présence du personnel de l’Agence métropolitaine de transport (AMT) et des instances concernées sur le quai et l’édicule de la gare permettrait également de fortifier le sentiment de sécurité, souligne le rapport.

«Ce ne sont pas de gros aménagements, mais ils sont nécessaires pour la sécurité des usagers», déclare Mme Lemay, précisant que ces pistes d’action ne sont que des suggestions.

L’AMT ouverte au dialogue
Du côté de l’AMT, on se dit être ouvert à rencontrer les membres de Tandem et à faire des modifications qui permettront de bonifier le service, dans les limites du possible

«Nous aurions aimé travailler avec eux sur ce diagnostic pour leur expliquer la situation, mais également pour rencontrer les gens qui utilisent les stations, car ils ont des informations très pertinentes. Il nous fera plaisir de les rencontrer», affirme Fanny St-Pierre, conseillère en relations médias à l’AMT.

Toutefois, en ce qui concerne l’isolement des gares, difficile de faire autrement que ce qui a été réalisé.

«L’endroit choisi pour implanter une gare se fait avec nos partenaires. Nous ne pouvons pas installer une gare n’importe où sans parler aux propriétaires des chemins de fer, des terrains et aux municipalités. Il faut les implanter où c’est possible», ajoute Mme Saint-Pierre.

Cette dernière assure que l’accessibilité des a été testé avec des organismes

« Elles ont toutes un accès pour les personnes à mobilité réduite, mais il reste des travaux à effectuer à la gare Sauvé», affirme Mme St-Pierre.

Au cours des prochains mois, Tandem et la Direction en santé publique tenteront de rencontrer l’AMT pour lui présenter leurs conclusions.

Portraits des gares

Gare Ahuntsic
Située dans une emprise majoritairement commerciale sur le très passant boulevard l’Acadie, la gare n’a pas de stationnement incitatif à proximité.
• Bonne connectivité au réseau de transport collectif existant, mais aucun lien avec le réseau cyclable.
• Problèmes d’aménagements pour piétons à 4 intersections sur 5 et absence de mesure d’apaisement de la circulation
• Excellente fenestration de l’édicule principal, mais sentiment d’insécurité sous le viaduc en raison de la vitesse et du débit des véhicules, ainsi que de la minceur du trottoir.

Gare Sauvé
Implantée dans une emprise majoritairement résidentielle, la gare se trouve près du métro Sauvé et de plusieurs lignes d’autobus. L’achèvement d’un édicule principal permanent est prévu l’an prochain.
• Excellente connectivité au transport collectif existant et au réseau cyclable
• Sentiment d’insécurité, surtout le soir, dans les escaliers de l’édicule, ainsi que sur le quai, malgré la présence de caméras.
• Problème de visibilité créant des cachettes dans les escaliers.
• Présence d’un boisé créant une cachette à côté d’un sentier pédestre.

Gare Saint-Michel-Montréal-Nord
Située à l’angle des très passants boulevards Pie-IX et Industriel, la gare a des environs peu fréquentés et un faible achalandage.
• Bonne connectivité au transport collectif existant
• Absence d’abris, de traverses piétonnières, de voies cyclables protégées, d’aménagements piétonniers sécuritaires et de mesures d’apaisement de la circulation
• Sentiment d’insécurité lié à l’isolement du stationnement incitatif, à la carrière Saint-Michel et aux terrains vagues adjacents

Gare Saint-Léonard-Montréal-Nord
Située à l’arrière d’un centre commercial linéaire, la gare et son stationnement incitatif souffrent à plusieurs égards de cet emplacement.
• Sentiment d’insécurité lié au secteur enclavé et aux recoins pouvant servir de cachettes
• Voies piétonnes absentes ou discontinuées
• Feux de piéton trop courts (8 voies à traverser en 33 secondes dans un cas) ou contradictoires

Gare Anjou
Située dans un secteur industriel et commercial, la gare et son stationnement incitatif sont isolés et souffrent à plusieurs égards de cet emplacement.
• Mauvaise connectivité au transport collectif existant et au réseau cyclable, absence d’autobus près de la gare
• Voies piétonnes inexistantes ou encombrées, traverses piétonnes inexistantes à plusieurs intersections
• Sentiment d’insécurité lié à l’isolement des lieux, notamment dans le tunnel entre les quais

Gare Rivière-des-Prairies
Située en bordure d’un chemin de fer déjà existant, la gare est entourée de boisés et de terrains vacants sans aucun commerce ni résidence à proximité.
• Horaires de trains pas agencés à ceux des autobus.
• Édicule et abribus inexistants, manque d’abris sur les quais,
• Sentiment d’insécurité quand la gare est déserte, absence de caméra de surveillance dans le stationnement, malgré l’absence d’employé de l’AMT.

Gare Pointe-aux-Trembles
Implantée en bordure d’un chemin de fer existant, la gare fait face à quelques résidences et est entourée de boisés, d’un terrain abandonné, sans aucun commerce à proximité.
• Connectivité déficiente au transport collectif existant
• Voies piétonnes inexistantes ou discontinuées, absence de passages piétonniers, de ligne d’arrêt et de feu piéton
• Sentiment d’insécurité sur les quais, dans le long tunnel qui les surplombe et dans le stationnement incitatif, en raison du secteur isolé, ainsi que des boisées et des plantes pouvant servir de cachettes

Avec Ralph-Bonet Sanon

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