Le concours d’architecture pour la modernisation de la Bibliothèque Saint-Sulpice, située dans le quartier latin, a été lancé la semaine dernière. Les architectes auront pour défi d’intégrer l’ultramoderne dans cet édifice patrimonial.
C’est un laboratoire de création pour les jeunes, axé sur les nouvelles technologies, qui occupera une bonne partie de l’espace de la bibliothèque quand elle rouvrira ses portes après 14 ans de fermeture, en avril 2019.
«Le medialab qu’on a ouvert en octobre dernier au premier étage de la Grande Bibliothèque sert d’embryon pour ce qu’on va faire à Saint-Sulpice», explique la directrice des communications, des relations publiques et de la visibilité numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Geneviève Rossier. Nommé Le Square, cet espace réservé aux jeunes de 13 à 17 ans (et aux adultes qui les accompagnent) comprend notamment des imprimantes 3D, un écran vert pour la création de vidéos, un espace de création musicale et des consoles de jeux vidéo.
«Oui, c’est une bibliothèque qui sera dédiée aux adolescents, mais pas seulement à eux, prévient Mme Rossier. On ne veut pas empêcher le reste de la population de se mettre au diapason de ces nouvelles technologies.»
Dans les détails du concours d’architecture, on propose d’ailleurs la création d’un espace destiné au grand public dans lequel on trouvera des consoles de jeux vidéo et des espaces de travail. «La majeure partie du lieu sera réservée à des expériences technologiques, mais il y aura aussi des livres», assure la directrice des communications.
Conserver le patrimoine
Dans leur proposition, les architectes devront porter une attention particulière à la conservation des nombreux éléments anciens de cet édifice construit en 1915, dont les tables ouvragées, les vitraux, les lustres et les bibliothèques encastrées. «On a tendance à voir ça comme un défi technique, mais c’est un défi de talent et de culture», juge Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal, qui sera sur le jury de sélection.
La bibliothèque Saint-Sulpice comprend de nombreuses pièces patrimoniales. Michel Legendre/Collaboration spéciale
Au-delà de l’endroit où passeront les fils électriques et les appareils modernes, M. Bumbaru juge qu’il faut poser «des gestes qui n’humilie pas la bibliothèque». «Si c’est patrimonial, on veut que dans 25 ans ce soit aussi intéressant pour la personne qui va fréquenter la bibliothèque, juge-t-il. Ça ne peut pas être simplement décoratif.»
L’architecte de Montréal cite en exemple la transformation des anciens HEC, sur la rue Viger, qui sert de centre d’archives et de conférence à BAnQ. «C’est un endroit où on a réussi avec culture à trouver des solutions qui rendent justice au lieu, souligne M. Bumbaru. C’est à trois coins de rue de Saint-Sulpice, alors pas besoin de suivre un séminaire à Milan pour avoir de l’inspiration.»
Les récipiendaires du concours seront connus en juin. La Ville de Montréal et le ministère de la Culture du Québec ont octroyé un budget de 17 M$ pour ces travaux, qui doivent débuter en 2018.
Du vieux et du neuf
Le plan proposé prévoit un espace pour une rétrothèque
- Il s’agit d’un espace réservé à de vieux appareils électroniques qui sont aujourd’hui obsolètes.
- «Des gens se retrouvent souvent avec des contenus sur des supports qui sont dépassés par la technologie, comme une cassette Beta, et auxquels ils aimeraient avoir accès», illustre Geneviève Rossier.