Montréal

Montréal officiellement «ville sanctuaire»

cour suprême montréal

Le maire Denis Coderre vient de faire adopter la déclaration désignant Montréal «ville sanctuaire» lors du conseil municipal, lundi.

«C’est un moment historique», indique Denis Coderre, ravi de voir cette déclaration, qui vise à protéger les immigrants sans statut légal, adoptée à l’unanimité.

Différentes mesures, notamment dans le domaine de l’habitation, des soins de santé et de l’éducation vont être mises en place. «Ce n’est pas juste un symbole et des mots, il y a des politiques qui vont s’y rattacher», promet le maire Coderre.

Ce dernier précise que 452 immigrants illégaux se sont présentés durant le mois de janvier à la frontière entre le Québec et les Etats-Unis. «C’est 315 de plus que l’année passée», explique l’ex-député et ministre fédéral, précisant que ces données obligent Montréal à «redéfinir notre politique d’immigration et d’ouverture».

Réponse à la politique de Donald Trump et au décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, ce statut devrait permettre aux sans-papiers de bénéficier de différents services publics sans prendre le risque d’être expulsés du territoire, hormis ceux disposant d’un dossier criminel ou pouvant mettre en danger la sécurité nationale.

«Avec plusieurs de mes collègues, à Los Angeles, New-York, Boston ou Chicago, on pousse tous dans le même sens. C’est une solidarité. On envoie un message d’ouverture. Les réfugiés, les sans-papiers, sont des gens qui sont des victimes, on doit les aider en conséquence», proclame Denis Coderre qui demande à Philippe Couillard et au gouvernement québécois «d’emboiter le pas».

«On va se donner les outils pour montrer qu’on est généreux» – Denis Coderre, maire de Montréal

«S’assurer que la politique est connectée avec la réalité du terrain»
Alors que le maire Coderre promet différentes consultations afin de mettre en place un plan d’action, l’opposition se montre prudente et veut s’assurer de mesures concrètes.

«Il ne faut pas créer un faux sentiment de sécurité et que des personnes déjà vulnérables ne le soient davantage car on n’a pas tous les éléments en place», souligne Valérie Plante, chef de Projet Montréal, qui a appuyé cette déclaration jugée «noble».

Cette dernière demande des séances «publiques» et «transparentes» avec la commission de sécurité publique qui va se pencher sur ce dossier, ainsi que des consultations avec différents organismes présents sur le terrain, tels Solidarité sans frontières et Alternatives.

«Il faut s’assurer que la politique est connectée avec la réalité du terrain. Il ne faut absolument pas faire les coins ronds avec cette déclaration et travailler avec les groupes qui connaissent les sans-papiers», précise Valérie Plante.

La chef de Vrai changement pour Montréal, Justine McIntyre estime qu’«il faut se préparer pour le pire». Évoquant une éventuelle venue massive de réfugiés venant des Etats-Unis, la conseillère municipale imagine «une situation qui risque de changer très rapidement»

«Il faut se préparer pour le pire, détaille l’élue. Si ça arrive, Montréal doit être prêt à agir rapidement. Il faudra intégrer ces personnes sans statut, les guider, les héberger et les aider à régulariser leur statut.»

Même si elle salue l’idée de faire de Montréal une ville sanctuaire, la conseillère juridique au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés Denise Otis rappelle que normalement, les autorités ont le devoir de diriger les demandeurs d’asile vers les bonnes ressources. «La personne peut demander la protection en tout temps et les autorités doivent absolument rapporter cette demande, précise Mme Otis. C’est le signe d’une ouverture et tant mieux si Montréal s’est joint aux autres villes.» Elle dit ne pas avoir été mise au courant de cas où des personnes qui sont admissibles à l’asile politique ont été déportées à la suite d’une arrestation. «Mais il faut que la personne se manifeste à un certain point», nuance-t-elle.

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