Connaissez-vous les croque-livres pour les petits qu’on voit un peu partout dans les quartiers? Salvador, mon fils de 4 ans, les adore. Dès qu’il en voit une, il veut toujours l’ouvrir pour chercher un nouveau livre avec des images qui lui plaisent. Et il aime retourner après et laisser un livre en échange.
Le principe, vous en conviendrez, est très simple. Mais tellement ingénieux.
Moi-même, je rêve d’avoir dans ma ruelle une armoire collective dans laquelle déposer des outils que j’ai achetés, utilisés une fois et qui dorment dans mon sous-sol depuis quelques années, en attendant de servir encore.
Pourquoi acheter chaque fois des outils dont on se sert une fois aux 5 ans? La scie à onglet, elle a l’air de révolutionner la vie quand on l’achète, mais si on la louait, son mérite serait le même. Pas besoin de la laisser prendre poussière dans le garage et encombrer les lieux, alors qu’elle pourrait continuer à rendre de fiers services à d’autres bricoleurs.
Des organismes comme La remise à Montréal ont trouvé la formule en offrant la possibilité de louer des outils grâce à un système de prêt, semblable à celui des livres. Pour une dizaine de dollars par année, on devient membre et ça donne accès à plusieurs centaines d’articles, disponibles via un catalogue en ligne. D’autres, comme la Patente à Québec ou la Fabrique à Sherbrooke proposent aussi des ateliers collectifs de mécanique, d’ébénisterie, d’électronique, la possibilité de louer des espaces pour créer ses projets, des formations diverses, etc.
La beauté de ces initiatives est qu’elles permettent d’économiser, de rencontrer des gens avec les mêmes intérêts en commençant par ses propres voisins, de développer de nouvelles habiletés, et, surtout, de consommer de façon plus intelligente.
Partager permet de mieux utiliser nos ressources, alors que la quantité de nos déchets explose d’année en année. Malheureusement, la plupart des entreprises continuent à encourager une consommation effrénée en diminuant la qualité de leurs produits et en adoptant diverses formes d’obsolescence programmée.
Nous sommes bien loin de la laveuse Maytag de ma mère, qu’elle a utilisée 40 ans avant de rendre l’âme!
Heureusement, il y a actuellement plus de 150 solutions de partage au Québec et ça va en augmentant. Des citoyens et des organismes lancent plein d’initiatives pour déjouer la culture de l’objet prêt-à-jeter: des Cafés Repair où l’on apprend à réparer ses objets sous les conseils de bénévoles férus de réparation, des RéparaThon pour les électroniques, des communautés en ligne, comme Touski s’répare, où l’on trouve trucs et conseils pour réparer à peu près tout.
Si un enfant de 4 ans peut comprendre le fonctionnement d’une boîte où on peut laisser ou prendre un livre, on peut certainement appliquer ce principe à plein d’autres objets.