Montréal

La communauté haïtienne doit être mieux informée, dit un élu new-yorkais

Les Haïtiens des États-Unis qui souhaitent faire une demande d’asile au Canada se lancent dans le processus sans en connaître les détails, a soutenu mardi Mathieu Eugène, conseiller municipal de New York, lors d’une conférence de presse organisée par la Concertation haïtienne pour les migrants 2017.

«La vérité, c’est qu’ils n’ont pas reçu la bonne information», a déclaré le conseiller, lui aussi membre de la communauté haïtienne, en visite à Montréal pour constater la situation et ainsi pouvoir donner l’heure juste aux citoyens américains qui prévoient franchir la frontière canado-américaine. «Je vais leur dire que [le Canada n’est] pas la terre promise comme vous le pensez», a-t-il continué, en soutenant que sa communauté attendait des explications à son retour.

Depuis le tremblement de terre qui a touché leur pays en 2010, les Haïtiens profitent d’un statut de protection temporaire (TPS), renouvelable aux 18 mois. Quelques mois après l’arrivée de l’administration Trump, ils ont toutefois été avisés que ce statut prendrait fin après six mois, soit en janvier 2018, et qu’ils devraient «se préparer à retourner en Haïti».

Les rumeurs propagées par des proches qui ont déjà franchi la frontière sont en partie responsables de l’arrivée massive au pays, mais la combinaison du «désespoir et de la désolation» causés par l’instabilité du statut des Haïtiens aux États-Unis serait aussi fortement en cause, a ajouté M. Eugène. Les renvoyer dans leur pays «[va] briser des familles», a-t-il déploré.

De son côté, l’élu new-yorkais continue à travailler sur la prolongation du statut de protection temporaire d’au moins 18 mois. «On va utiliser tout ce qu’on peut pour que le gouvernement américain [accepte]», a-t-il ajouté. «Ils méritent de pouvoir rester jusqu’à ce que Haïti se relève.»

En date du 14 août, 2943 demandeurs d’asile étaient hébergés temporairement dans la grande région de Montréal, selon le ministère québécois de l’Immigration.

Des enjeux qui inquiètent
Cette situation «demande une approche spéciale», a indiqué Ninette Piou, porte-parole de la Concertation haïtienne pour les migrations 2017. Parmi les initiatives , celle de présenter un plan d’action qui répondrait aux principaux enjeux des demandeurs d’asile a été retenue. Bref survol des préoccupations exposées par la concertation.

  1. Rentrée scolaire: la concertation souhaite interpeller le ministre de l’Éducation pour s’assurer que tous les enfants puissent aller à l’école gratuitement à l’automne.
  2. Santé: «Il y a beaucoup de femmes enceintes qui ont besoin de soins, et beaucoup de jeunes enfants», a indiqué Chantal Ismé, vice-présidente de la Maison d’Haïti et membre de la concertation.
  3. Processus: Le regroupement compte prendre les mesures nécessaires pour informer les Haïtiens du processus d’entrée au pays et de ce qui les attend, une fois arrivés.
  4. Manifestations de racisme au Québec: «Le manque d’ouverture» et les «relents de xénophobie» venant de certains citoyens inquiètent la concertation, a indiqué Chantal Ismé.

 

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