Le gouvernement de François Legault allonge 75M$ pour décontaminer des terrains de la métropole où seront construits des logements sociaux et abordables, ou même des écoles. S’ils ont bien accueilli cet investissement annoncé mardi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et la Chambre de commerce de l’Est de Montréal pressent Québec de délier les cordons de la bourse pour dépolluer rapidement des terrains situés à l’est du boulevard Pie-IX.
«Plus les sommes arrivent rapidement dans les coffres, plus c’est l’opportunité de faire de la décontamination en amont», a déclaré Mme Plante pendant la période de questions qui a suivi une conférence de presse à l’hôtel de ville mardi.
Le programme de subventions doté d’une enveloppe de 75M$ indique que tous les projets présentés qui comporteront un volet résidentiel devront inclure soit des logements sociaux ou abordables sous forme d’appartements ou de condos. Ceux-ci devront être autorisés au cours des cinq prochaines années.
«Les besoins sont immenses [dans l’arrondissement de Ville-Marie] en matière d’accès aux logements sociaux et abordables», a soulevé la mairesse. Cette dernière a indiqué que ce programme pourra aussi servir à réaliser des parcs ou des places publiques sur des terrains actuellement contaminés.
Une fois que les dernières demandes d’admission à ce programme de subvention auront été déposées en décembre 2023, les organismes et les entreprises retenus auront cinq ans pour réaliser les travaux de réhabilitation sur les terrains sélectionnés avec une extension possible de deux ans.
Pour la majorité de ces projets, aucun plafond d’aide financière ne sera imposé, à l’exception des travaux de décontamination qui auront lieu sur d’anciens dépotoirs, dont le financement par ce programme ne pourra dépasser un demi-million de dollars.
«Les 75M$, ça équivaut peut-être à un dixième de ce qui sera requis pour décontaminer les terrains qui le sont [contaminés] à l’échelle de la ville de Montréal», a toutefois soulevé la présidente de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, Christine Fréchette.
«L’ensemble de l’île de Montréal est contaminé. Dès qu’on veut construire des écoles ou aménager des parcs, on doit passer par un processus de décontamination.» – La mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Mme Fréchette demande par ailleurs au gouvernement provincial de concrétiser rapidement sa promesse électorale d’investir 200M$ dans la décontamination de terrains situés dans l’est de l’île de Montréal.
«À l’est de Montréal, l’enjeu qu’on a, c’est que le niveau de toxicité est très élevé [en raison de la présence de nombreuses usines] et par conséquent, il en coûte plus cher pour décontaminer les terrains», a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il faudrait investir «le double et peut-être même plus» que le montant promis par Québec dans ce secteur «pour qu’on soit en mesure de tourner la page sur ce phénomène-là, qui est d’une ampleur considérable».
«On a promis le 200 millions. On travaille actuellement avec Québec et la Ville pour déterminer la mécanique de cet investissement […] Ce sera annoncé bientôt», a affirmé la ministre déléguée aux Transports et à la région métropolitaine, Chantal Rouleau, pendant la période des questions qui a suivi la conférence à laquelle elle a pris part aux côtés de la mairesse de Montréal.
«Virage vert»
Près de 44M$ seront dépensés d’ici 2030 afin de financer la rénovation ou la construction d’usines écoresponsables sur des terrains vacants situés sur l’île de Montréal.
«Le virage vert est générateur de richesse pour notre collectivité. Nous devons donc encourager les entreprises à aller dans cette direction», a déclaré la ministre Chantal Rouleau, dont le gouvernement a contribué à une hauteur de 7M$ à la réalisation de ce programme.
Afin d’être admissibles à ce programme, les entreprises devront respecter certaines exigences concernant entre autres le mode d’éclairage choisi et leur consommation d’énergie.
Certaines entreprises pourraient ainsi bénéficier tant de ce programme que de celui subventionnant la décontamination du sol des terrains convoités, à condition qu’elles répondent à tous les critères établis.
Appelé à réagir, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a dit craindre que ce programme, financé en grande partie par la Ville, ne contribue à la hausse de la taxe foncière imposée aux Montréalais dans les prochaines années.