La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui gère le bas de laine des Québécois, aurait perdu environ 3G$ ces huit dernières années à cause de ses investissements dans les hydrocarbures, souligne une nouvelle étude dévoilée jeudi.
Selon l’organisme Sortons la Caisse du carbone, qui est à l’origine l’étude avec la Fondation David Suzuki, la CDPQ aurait pu réaliser des rendements supplémentaires, de l’ordre de 7,8G$ à 10,8G$ si elle avait, comme d’autres institutions, retiré ses billes et investi ailleurs que dans les hydrocarbures.
L’auteur de l’étude, Sébastien Collard, convient que, «comme la Caisse ne divulgue pas les informations telles que le moment où elle vend et achète des actions, il est impossible d’établir de manière définitive le rendement qu’elle a obtenu dans le secteur des énergies fossiles». Toutefois, en fouillant dans les rapports de la CDPQ, il a noté la liste des 50 plus gros investissements boursiers que la Caisse détenait dans le secteur des hydrocarbures au 31 décembre de chaque année. Il a ainsi pu suivre l’évolution des titres boursiers.
De 2015 à 2018, les investissements totaux de la CDPQ dans les hydrocarbures sont passés de 12,4G$ à 18,5G$, indique Sébastien Collard dans un échange de courriels.
En entrevue à RDI Économie en février 2018, le président-directeur général de la Caisse, Michael Sabia, avait pourtant convenu que les risques liés aux investissements dans les hydrocarbures allaient en grandissant. «Légèrement, tranquillement, et année, par année, par année, nous allons continuer à réduire notre exposition aux sociétés pétrolières. Pas juste au Canada, mais mondialement, pour réaliser un objectif très important qui est le suivant: une réduction d’ici 2025 de 25% de l’intensité de notre empreinte carbone», avait-il déclaré.
«Le risque d’un éclatement de la bulle du carbone est de plus en plus présent au niveau du secteur pétrolier, et la CDPQ devrait rapidement faire le choix d’exclure les quelques dizaines de compagnies qui mettent à risque autant son rendement que sa capacité à répondre de manière efficace à l’urgence climatique», écrit M. Collard dans son étude.
Cet éclatement serait notamment dû aux ventes de véhicules électriques (VÉ), qui augmentent de plus de 50% par an. Cette croissance devrait s’accélérer à partir de 2022, année où le prix d’achat d’un VÉ sera le même que celui d’une voiture à essence, selon les prévisions de la firme Deloitte.
Comme le transport représente actuellement 55% des besoins en pétrole dans le monde, la demande ira en diminuant: 2 millions de barils de moins par jour à partir de 2024 et 20 millions de barils de moins par jour à partir de 2030, selon les calculs l’ingénieur et chercheur Ross Tessien, qui avertit toutefois qu’une baisse du prix du pétrole à la pompe pourrait infléchir ses prédictions.
Ce rapport sort la même journée où la Caisse présente ses résultats annuels.
Les 5 plus gros investissements de la Caisse début 2018:
Exxon Mobil Corp: 1,05G$
TOTAL SA: 978M$
TransCanada Corp: 929M$
Enbridge Inc: 907M$
Canadian Natural Resources Ltd: 834M$