Le témoin, qui a conduit à la démission du maire de Montréal Gérald Tremblay, n’a pas dit toute la vérité en octobre dernier.
Il aura fallu toute une journée d’audiences et la diffusion d’une vidéo pour qu’il soit établi que Martin Dumont, ancien organisateur d’Union Montréal, a menti lors de son premier témoignage.
C’est un témoin à la voix chevrotante qui s’est présenté devant la commission Charbonneau. Talonné par le procureur en chef adjoint Me Denis Gallant, M. Dumont a admis qu’il «n’était pas sûr» de certains des faits avancés lors de son premier témoignage en octobre dernier.
Ce dernier avait affirmé qu’Alexandra Pion, réceptionniste pour Union Montréal en 2005, avait reçu la directive de compter 850 000$ à la demande de Bernard Trépanier, argentier du parti. Elle s’en serait plainte à M. Dumont le lendemain.
[pullquote]
Mme Pion a donc témoigné lundi matin et a soutenu que M. Trépanier lui avait demandé une seule fois de compter des billets et qu’elle avait refusé. «J’en n’ai pas parlé à M. Dumont. Je ne sais pas ce qui est arrivé pour qu’il dise ça!» a-t-elle répondu sur la défensive.
«Est-ce que j’ai mélangé des histoires? Peut-être que oui, a admis Martin Dumont par la suite. Mais je ne suis pas ici de mauvaise fois». Il a maintenu qu’une personne aurait bien compté environ 850 000$ en argent liquide.
«Je vous suggère que toute cette histoire est fausse», a déclaré Me Gallant avant de demander à M. Dumont s’il maintenait sa version. «Au meilleur de mon souvenir, ma réponse est oui», a-t-il répondu. Une vidéo prouve toutefois qu’il a menti.
Une vidéo embarrassante
C’est en toute fin d’après-midi, après un long débat sur la validité de la preuve, qu’une vidéo des enquêteurs de la commission, filmée le 11 décembre dernier, a pu être diffusée. Dans cet enregistrement, on entend clairement M. Dumont dire que l’histoire d’une personne, qui aurait compté 850 000$ en petite coupure pour Union Montréal, était «une fausseté de [sa] part» .
La question est maintenant de savoir si M. Dumont, de retour mardi, reconnaîtra publiquement avoir menti. Son avocate, Me Suzanne Gagné entend contester la preuve en s’attaquant à la façon dont elle a été obtenue. Elle soutient que les droits fondamentaux de son client n’ont pas été respectés.
Crédibilité
La commission cherche à aller au fond de cette histoire, car sa propre crédibilité est également en jeu.
- Les révélations de M. Dumont avaient conduit à la démission du maire de Montréal, Gérald Tremblay. Sa crédibilité avait toutefois été attaquée dans les médias.
- La commission souhaite rétablir les faits afin que sa rigueur ne soit pas mise en doute plus tard.
- La commission n’est pas revenue sur les allégations concernant Gérald Tremblay selon lesquelles il aurait été au courant d’une double comptabilité dans son parti.
Le 3e commissaire ne siégera pas
La présidente France Charbonneau a profité de la reprise des audiences pour faire le point sur l’état de santé du troisième commissaire Me Roderick Alexander Macdonald. L’homme lutte contre un cancer et n’a jamais pu siéger aux audiences de la commission. Mme Charbonneau assure toutefois qu’il assiste aux réunions et que sa contribution est très utile.
La commission siégera toutefois désormais officiellement à deux commissaires (Mme Charbonneau et Renaud Lachance). Me Macdonald continuera de travailler pour la commission en coulisses.