Alors que le gouvernement fédéral a confirmé lundi qu’il participera financièrement aux travaux de réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, Québec met les bouchées doubles afin que les mesures d’atténuation visant à réduire l’impact de ce chantier sur la congestion routière soient fignolées d’ici au début des travaux l’an prochain.
Québec et Ottawa investiront conjointement plus de 500 M$ dans la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui s’échelonnera sur quatre ans à partir du printemps 2020. La somme exacte de ce financement et la répartition de celui-ci entre les deux paliers de gouvernement n’ont toutefois pu être précisées lundi, le projet étant toujours en processus d’appel de propositions.
« La seule raison pourquoi ce matin on n’est pas plus précis, c’est parce que ce ne serait pas dans l’intérêt public », a affirmé lundi en conférence de presse au centre-ville de Montréal le ministre canadien de l’Infrastructure, François-Philippe Champagne, qui craint que le dévoilement de tels détails ait un impact sur les soumissions fournies.
Congestion routière
Chose certaine, la réfection du plus important tunnel autoroutier immergé au Canada, qui relie Longueuil à Montréal, ne se fera pas sans heurts pour les quelque 120 000 véhicules qui empruntent chaque jour cette structure chevauchant les autoroutes 20 et 25, déjà hautement congestionnées aux heures de pointe.
« Nous ne pouvons pas réaliser un tel chantier sur une infrastructure aussi complexe en n’ayant aucun impact sur la circulation. Des entraves sont bien sûr à prévoir pour les quatre années que durera le chantier », a concédé la ministre responsable des Transports et de la région métropolitaine au sein du gouvernement Legault, Chantal Rouleau.
Ces travaux de réfection, qui incluent notamment la reconstruction complète de la chaussée des deux côtés du tunnel de même, la réfection de la voûte et des murs de l’intérieur du pont-tunnel de même que la modernisation de son système électrique pour prévenir des incendies, forceront la fermeture d’une des trois voies dans chaque direction dès l’an prochain, ce qui représentera une diminution de la circulation de 1500 véhicules par heure dans chaque sens.
« C’est vraiment notre seul lien à l’est [pour aller sur la Rive-Sud]. Donc, c’est certain qu’il va y avoir des impacts », a commenté à Métro en marge de cette conférence le responsable de l’eau et des infrastructures du réseau routier à la Ville de Montréal, Sylvain Ouellet.
Afin de limiter les répercussions de ces travaux sur la congestion routière dans ce secteur, Québec entend mettre en place prochainement plusieurs mesures d’atténuation visant à inciter plus d’automobilistes à opter pour le transport en commun.
Ainsi, 25 kilomètres de voies réservées seront aménagés, notamment sur la Rive-Sud ainsi que dans le secteur de l’échangeur Anjou, et plus d’autobus menant aux stations de métro Radisson et Longueuil seront déployés aux heures de pointe.
« Une nouvelle offre de navette fluviale est aussi à l’étude pour permettre aux personnes de circuler entre la Rive-Sud et Montréal », a indiqué la ministre Rouleau, précisant que celle-ci pourrait représenter une alternative aux camions pour le transport de marchandises. Cette navette fluviale viendrait ainsi s’ajouter à celle qui sera mise en place sept jours par semaine dès la mi-juin pour relier Pointe-aux-Trembles et le Vieux-Port de Montréal pendant la belle saison.
« Ce sont des mesures d’atténuation qui misent sur une réduction importante des déplacements en autosolo en mettant en place des alternatives en transport collectif efficaces, fiables et dont les temps de parcours seront concurrentiels à la voiture pour que les gens soient incités à prendre le transport collectif », a affirmé Mme Rouleau, qui a d’ailleurs indiqué que 850 places de stationnement incitatif seront par ailleurs ajoutées sur la Rive-Sud prochainement.
« Les navettes fluviales, c’est quelque chose qu’on veut mettre de l’avant pour le déplacement des personnes, mais aussi des marchandises. C’est quelque chose qu’on explore. » — Chantal Rouleau, ministre déléguée aux transports et à la région métropolitaine.
La Ville de Montréal, pour sa part, entend coordonner ses propres travaux routiers dans les rues voisines au pont-tunnel en fonction de la réfection de celui-ci afin d’éviter d’alourdir encore davantage les déplacements des automobilistes qui empruntent cette structure pour entrer sur l’île.
« Il y a plusieurs chantiers qu’on va devancer ou reporter pour éviter d’être dans les mêmes années critiques parce qu’on sait qu’il y a certains axes est-ouest qu’il faut protéger [dans les prochaines années], comme Sherbrooke ou Notre-Dame », a souligné M. Ouellet.