La Ville doit éviter de répéter le cas de Griffintown dans l’est du centre-ville en encadrant sévèrement les projets immobiliers dans ce secteur, prévient l’OCPM. Elle devrait également réserver des terrains pour l’aménagement de parcs et de logements sociaux.
Le secteur des Faubourgs, qui comprend notamment l’ancienne brasserie de Molson, la tour de Radio-Canada, le Village gai et le quartier Centre-Sud, a fait l’objet d’une vaste consultation publique de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) au cours de la dernière année. L’organisme municipal en a extirpé un vaste rapport qui compte pas moins de 44 recommandations. Celles-ci abordent notamment les problématiques liées à la congestion routière et la présence d’îlots de chaleur dans ce secteur.
L’habitation se démarque néanmoins parmi toutes les préoccupations. Les projets immobiliers et la hausse constante des loyers pourraient rendre l’est du centre-ville inaccessible aux personnes à faible revenu, craignent des citoyens. Le secteur des Faubourgs pourrait même vivre les répercussions de la spéculation immobilière vécues dans le quartier Griffintown.
«C’est un peu ce que tout le monde craint, a confié à Métro la présidente de l’OCPM, Dominique Ollivier. C’est difficile d’éviter un certain embourgeoisement.»
Droit de préemption
Dans son rapport, l’OCPM demande à l’arrondissement de Ville-Marie de faire preuve d’une «grande prudence» avec terrains prisés par des promoteurs immobiliers. Des modifications d’affectations «pourraient rendre très difficile, voire impossible, l’acquisition des immeubles requis pour l’établissement d’équipements publics», souligne-t-on.
«C’est exactement l’erreur de Griffintown. Donc, pour éviter de répéter ce scénario, on doit se donner ce droit de préemption sur certains secteurs. On doit les réserver pour des équipements scolaires et sportifs», a renchéri la présidente de l’OCPM.
Le droit de préemption est un pouvoir dont dispose la Ville en vertu de son statut de métropole. Celui-ci lui permet d’égaler une offre d’achat sur un terrain donné. Il peut ensuite l’utiliser pour l’aménagement d’un parc ou de logements sociaux, pare exemple.
Taxes foncières
La Ville devrait également poursuivre ses discussions avec Québec afin de revoir à la baisse les taxes foncières imposées aux organismes à but non lucratif qui réalisent des projets de logements sociaux et abordables, selon l’OCPM.
«C’est sûr que si des OBNL veulent faire des logements sociaux et communautaires, ils ne doivent pas payer les mêmes taxes foncières qu’un promoteur qui veut faire des condos de luxe», a illustré Mme Ollivier.
Actuellement, les taxes municipales peuvent représenter jusqu’à 20% du budget annuel d’une coopérative d’habitation au centre-ville, indique le rapport.
«Ça rend prohibitif la réalisation de logements sociaux et communautaires», estime Mme Ollivier.
L’OCPM demande par ailleurs à la Ville de s’assurer que les projets immobiliers comprennent plusieurs logements sociaux et abordables. Une recommandation qui fait écho au règlement pour une métropole mixte de l’administration de Valérie Plante, qui entrera en vigueur en 2021.
Ce rapport jettera les bases pour la réalisation du plan particulier d’urbanisme pour le secteur des Faubourgs. Celui-ci devrait mener d’ici un an à un plan d’action concret pour revitaliser ce secteur.