Confrontée à un «trou de service» dans l’offre de bâtiments abordables, la Ville de Montréal investit un montant de 2,3 M$ pour acquérir et reconstruire une maison de chambres de 14 places dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
C’est l’organisme communautaire L’Anonyme qui mènera le projet. Celui-ci doit officiellement être complété au printemps 2021, selon la directrice générale du groupe, Sylvie Boivin.
Selon le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, l’achat du nouveau bâtiment, qui se situe sur la rue Sainte-Catherine, est «un processus unique à Montréal». «Il y a un trou de service entre les maisons de chambre privées qui sont de plus en plus rares et souvent insalubres, et le logement social, où l’accompagnement est souvent trop contraignant», explique-t-il.
Un bâtiment à refaire
Le bâtiment qui passera entre les mains de L’Anonyme était passé au feu en 2018. «Anciennement, [cette maison] était contrôlée par le crime organisé, confie M. Lessard-Blais. Les gens devaient consommer pour rester au chaud. Il y avait de la violence, de l’insalubrité.» Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) s’est d’ailleurs déjà penché sur le cas de ce bâtiment pour un historique «lié à l’abus de drogue, la prostitution et la criminalité».
Pour la directrice générale de L’Anonyme, Sylvie Boivin, le concept de maison de chambre offre «une alternative en logement».
«On a de moins en moins de maisons de chambres. C’est souvent le dernier rempart avant d’arriver en situation d’itinérance.» – Sylvie Boivin
Même son de cloche chez le maire d’arrondissement. «Outre les refuges, il n’existe pas de ressource», affirme M. Lessard-Blais.
Contraintes fortes
Le modèle des logements sociaux tel qu’on le connaît peut souvent s’avérer compliqué pour les gens en situation de précarité, explique le directeur adjoint de L’Anonyme, Julien Montreuil. «Il y a une grande difficulté à se loger pour une partie spécifique de cette population-là. Ils ne sont pas en mesure de répondre aux critères des logements sociaux, pour des raisons entre autres financières», lance-t-il.
«Le projet permet d’offrir un toit et une sécurité à des gens qui n’en ont pas. Et il demande des contraintes très minimales: payer le loyer, garder la paix et garder la chambre salubre», avance de son côté Pierre Lessard-Blais.
Cet investissement de la ville-centre s’inscrit dans son plan d’implantation de 12 000 logements sociaux et abordables.