La direction de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal (CGMPM) et la Ville «manquent de transparence», déplorent des marchands. Ils craignent pour l’avenir de leur commerce.
«On veut de la transparence, de l’accès aux documents. On ne veut pas se faire cacher des choses», a lancé jeudi en conférence de presse Frédérique Roy Trempe.
Mme Trempe est propriétaire d’un kiosque au marché Jean-Talon où elle fait de la revente de produits québécois.
Quatre membres influents de la Corporation se sont réunis jeudi à proximité du marché Jean-Talon. Ils tenaient à réagir à la crise qui sévit quant à la gestion des marchés publics de la métropole.
Le mois dernier, les membres du conseil d’administration de la CGMPM ont démissionné en bloc par crainte pour leur intégrité. Une enquête policière est en cours pour faire la lumière sur cette affaire.
Un rapport confidentiel
Dans une lettre envoyée la semaine dernière à la directrice générale de la Corporation, Isabelle Laliberté, le cabinet de l’administration de Valérie Plante a «réitéré la volonté de la Ville de Montréal de voir les situations problématiques identifiées dans le rapport de notre Contrôleur général être corrigées».
Or, ce rapport, réalisé en décembre 2018, n’a jamais été fourni aux membres de la Corporation. Ceux-ci estiment donc ne pas avoir assez d’informations pour répondre aux exigences de la Ville.
«Les membres ne l’ont pas eu, ce rapport-là. Ce qu’on en sait, c’est ce qui a été dit par l’intermédiaire des médias. […] Jusqu’à ce jour, la Ville de Montréal veut orienter la direction du marché en fonction de recommandations d’un rapport qu’on ne connaît pas», a expliqué l’avocat Jean Lozeau.
Revendeurs menacés
Me Lozeau représente quatre commerçants du marché Jean-Talon qui se tournent vers les tribunaux. Ils craignent d’être expulsés de la Corporation «au profit de producteurs de produits exclusivement locaux».
«La Corporation se livre ni plus ni moins à une véritable chasse aux sorcières envers certains membres, dont les demandeurs», indique la poursuite en Cour supérieure contre la Ville et la Corporation. Celle-ci sera saisie par le tribunal mardi prochain.
Dans la lettre envoyée à la directrice de la Corporation, la Ville mentionne sa volonté de voir «les marchés publics [jouer] un plus grand rôle dans la mise en valeur des produits d’ici». Or, de nombreux revendeurs qui s’approvisionnent un peu partout au Québec et ailleurs dans le monde possèdent des kiosques dans les marchés publics de Montréal.
«On sent que la nouvelle philosophie, c’est qu’on vende seulement notre production. Et là, aussitôt qu’on parle de commercer un peu, on sent qu’ils veulent nous tasser. […] Penser comme ça, c’est être complètement à côté de la traque», a fustigé Michel Sauriol.
M. Sauriol est notamment administrateur à l’Association des producteurs maraîchers du Québec.
Les commerçants s’inquiètent également du fait que des démarches sont en cours afin de recruter des membres à l’externe pour combler les sièges vacants dans le conseil d’administration de la Corporation.
«On veut garder le pouvoir de décision», a martelé le commerçant du marché Jean-Talon Serge Marticotte. Ce dernier a siégé au conseil d’administration de la Corporation jusqu’en février 2019.
Selon lui, le conseil d’administration de l’organisme devrait être composé en majorité de producteurs et de commerçants membres.
La directrice générale de la Corporation, Isabelle Laliberté, a décliné notre demande d’entrevue.