Malgré d’importants investissements en transport collectif dans la région métropolitaine, les Montréalais ne changent pas pour autant leurs habitudes de déplacement, du moins pour le moment. Et pour cause, la part d’utilisation du transport en commun est demeurée relativement stable dans les dernières années.
C’est le constat que fait l’experte en transport à l’École Polytechnique, Catherine Morency.
«En termes de grandes transformations, il ne s’est littéralement rien passé, a-t-elle conclu jeudi en marge du Congrès sur les politiques de transport collectif organisé par l’Association canadienne du transport urbain (ACTU).
«On dit qu’on fait beaucoup en transports, mais on ne doit pas faire assez ou alors on ne fait pas les bonnes choses, parce que les parts modales ne changent pas», a-t-elle ajouté lors d’une allocution devant une salle comble.
Les «grandes attentes» du public et du monde politique envers les nouvelles technologies de transport, dont les véhicules autonomes ou électrifiés, «retardent la prise de décisions» à presque tous les paliers gouvernementaux en ce moment, selon elle.
Une occasion manquée?
D’après des données du Département de génie civil de Polytechnique, environ 24% des déplacements actuels dans le Grand Montréal pourraient se faire à pied (4,9%) ou à vélo (19,1%). «Pendant ce temps-là, nos véhicules sont plus gros, plus énergivores et plus vides. On a manqué l’occasion dans les dernières années de réduire notre consommation énergétique», lance la spécialiste.
Si l’industrie de l’automobile semble de moins en populaire, la part des camions légers sur les routes est toutefois passée de 24,5% à 34,2% entre 2005 et 2015, dans la province.
À la Société de transport de Montréal (STM), le président Philippe Schnobb se fait plus rassurant.
«On constate qu’on a de plus en plus de clients, on dit même à certains égard qu’il y en a trop. On a atteint de nouveaux records encore cette année. Ces gens-là viennent de quelque part.» -Philippe Schnobb
Il reconnaît malgré tout que les défis sont grands. «C’est sûr qu’il faut améliorer la performance et la perception de ceux qui ne sont pas dans le réseau. Simplifier l’accès, augmenter le service, c’est notre but constant», considère-t-il. L’offre dans le métro a augmenté de 15% depuis quatre ans selon lui.
Des candidats réagissent
Pour la candidate du Nouveau parti démocratique (NPD) dans Honoré-Mercier, Chu Anh Pham, ce statu quo s’expliquerait par le fait que les investissements ont «essentiellement servi à renouveler la flotte de bus et de wagons» dans les dernières années à Montréal.
«L’offre n’a pas vraiment augmenté en soi, donc il faut réinvestir. Le jour où on aura des transports conviviaux, ça changera. En ce moment, t’embarques dans le métro ou dans le bus, mais t’es complètement coincé. C’est loin d’être attrayant.» -Chu Anh Pham
Envisageant «plus d’autobus» à Montréal dès 2020, la néo-démocrate soutient qu’un gouvernement fédéral doit faire plus qu’être qu’un «bailleur de fonds». «On doit être un partenaire visionnaire en respectant que ce n’est pas au fédéral de dire quel serait le meilleur mode de transport», juge-t-elle.
Bouleversements à venir
Même son de cloche pour la candidate libérale dans Outremont, Rachel Bendayan, qui mise sur le Réseau express métropolitain (REM) pour renverser la tendance. «Il faut continuer d’innover, avance-t-elle. Si veut changer les habitudes, il faut aussi donner le goût aux usagers.»
Le REM, dont la capacité atteindra plus de 42 000 personnes en heures de pointe, accélérera la plupart des trajets à Montréal selon elle, et sera «très emprunté».
«On continue d’être à l’écoute, lance-t-elle aux leaders municipaux dont la mairesse Valérie Plante. Si le message, c’est qu’il faut travailler encore plus ensemble, alors c’est bien reçu.»
De son côté, le candidat du Bloc québécois dans Saint-Hyacinthe-Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay, est catégorique.
«On va se battre pour que l’argent fédéral soit versé aux différents projets, en espérant qu’ils soient le plus écoresponsables possibles, juge-t-il, disant viser «autant que possible» l’électrification des transports en attendant la fin du modèle de l’auto individuelle.