Alors que le taux de décrochage scolaire atteint environ 16% à Montréal – et qu’il est deux fois plus élevé dans les milieux défavorisés –, la Fondation de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) s’inquiète du manque de ressources et de financement dans le monde communautaire, particulièrement en éducation.
«Plus il va y avoir de ressources, plus on va pouvoir aider les élèves à réussir. La priorité, c’est d’avoir plus d’aide pour nos jeunes en difficulté, sauf que ça prend plus de moyens. Les organismes font un travail de fou avec pratiquement rien en ce moment», explique à Métro la directrice au développement de la Fondation, Line Bellavance.
Plus de 10 000 jeunes habitent dans une habitation à loyer modique (HLM) sur l’île de Montréal. C’est spécifiquement ce groupe socioéconomique, dont les familles touchent en moyenne à peine 17 000$ par année, que la Fondation de l’OMHM veut soutenir. La moitié des familles concernées seraient monoparentales, la mère étant le plus souvent seule pour élever ses enfants.
Depuis sa création en 2011, l’organisme a versé plus de 830 000$ aux jeunes dans le besoin, dont plus de 700 000$ à des organismes et plus de 125 000$ en bourses d’études au secondaire.
Fondation de l’OMHM et pouvoir d’action
«On voit un impact très positif sur la confiance, dit Mme Bellavance. Les jeunes se disent qu’ils sont capables de réussir. Ça augmente leur estime de soi, les encourage à persévérer, puis ça réduit aussi la pression financière sur les familles.»
«Il faut prendre conscience que le décrochage, c’est l’affaire de tous. Les parents n’ont pas toujours les outils ou les aptitudes pour soutenir leurs jeunes. Et il y a beaucoup de familles qui viennent de différentes cultures qui ne connaissent pas notre système d’éducation.» -Line Bellavance
Si le mandat de la Fondation en matière de décrochage scolaire demeure méconnu, il importe de le populariser pour renverser la tendance, d’après la responsable. «Plus on va faire parler de nous, plus on sera en mesure d’amasser des dons pour pouvoir aider davantage d’organismes», avance-t-elle.
Bon an mal an, la situation du décrochage scolaire au Québec s’améliore «doucement» selon elle, signe que les efforts portent fruit. «Il ne faut pas lâcher et s’asseoir sur nos lauriers en disant qu’on a réussi. Au contraire, il faut continuer à offrir plus de services sur le terrain», tonne la porte-parole.
Des exemples probants
Près d’une dizaine de projets communautaires et d’écoles montréalaises sont actuellement soutenus par la Fondation de l’OMHM, notamment dans Rosemont, Lachine, Mercier-Ouest ou Montréal-Nord.
C’est le cas de l’organisme Coup de pouce jeunesse, dans Montréal-Nord, qui a démarré au début de l’année le projet «Club Réussite». L’objectif: travailler sur la persévérance scolaire des jeunes du quartier en fournissant une aide aux devoirs quotidienne, des lieux de travail dédiés et des ateliers de développement artistique aux élèves.
«Plus le jeune est valorisé, plus il va renforcer son engagement, et plus il peut devenir témoin du succès qu’il connaît. C’est vraiment ce qu’on observe», explique à Métro la DG de l’organisme, Mijanou Simard-Mireault.
L’enjeu du financement et des ressources est, pour elle aussi, une sérieuse contrainte à l’accomplissement de ses objectifs.
«Ça devient un enjeu extrêmement important pour nous de garder nos ressources humaines à l’interne, soutient-elle. Il y a un manque de ressources qui fait en sorte qu’on ne peut pas toujours offrir des conditions de travail intéressantes.»