Une municipalité située en périphérie de Montréal, Saint-Colomban, se pose durement en opposition à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) concernant l’étalement urbain. Son maire Xavier-Antoine Lalande accuse l’organisme de dénoncer le phénomène pour les mauvaises raisons.
«Vous adoptez maintenant la posture de défenseur de l’environnement pour contrer l’étalement urbain. Mais je me permets de penser que l’enjeu pour votre organisation en est d’abord un de rétention de population», martèle Xavier-Antoine Lalande, en s’adressant directement au DG de la CMM, Massimo Iezzoni.
Ce dernier avait condamné lundi que l’étalement urbain croissant pourrait exacerber les problèmes de croissance automobile et nuire au développement durable dans le Grand Montréal. Les municipalités situées tout juste à l’extérieur des limites de la CMM, comme Saint-Colomban, construiraient trop de maisons individuelles. Leurs populations seraient aussi fortement portées vers le transport en voiture jusqu’aux lieux de travail situés dans la CMM.
«On pense que le pourtour devrait faire l’équivalent de ce que nous faisons», avait entre autres indiqué M. Iezzoni en entrevue à Métro.
Les erreurs de Montréal en exemple?
Pour le maire de Saint-Colomban toutefois, ce sont précisément les ratés de la métropole en matière d’étalement urbain qui permettent aux banlieues de mieux se développer. «Plusieurs années de développement effréné, voire anarchique dans le Grand Montréal, nous ont été précieuses pour comprendre l’ampleur des problèmes générés par une croissance mal planifiée», avance-t-il.
L’élu soutient que ces «contre-exemples» ont permis à sa ville de se doter d’outils pour mieux planifier l’aménagement du territoire. «Saint-Colomban est une ville qui se développe en forêt et dans le respect de celle-ci. Et cette identité nous est très chère», considère-t-il.
Il affirme que les objectifs de densification dans la métropole sont «louables afin de limiter la pression sur les écosystèmes». Mais qu’un pareil exercice «serait une catastrophe si elle était appliquée dogmatiquement à notre territoire».
«Nous partageons les mêmes objectifs, mais nos visions divergent toutefois sur la façon d’y arriver. Parce que nos territoires ne sont pas comparables.» -Xavier-Antoine Lalande, maire de Saint-Colomban
«Repenser» le transport collectif
Le maire Lalande ne se dit pas opposé à la recherche de nouveaux payeurs pour les infrastructures de transport collectif dans le Grand Montréal. Mais il questionne la vision de développement de la mobilité actuellement.
«Des projets comme la ligne rose et une partie du REM sont voués à augmenter l’offre à des endroits où celle-ci est déjà présente. Je ne dis pas que ces projets ne répondent pas à des besoins réels, mais qu’il y a aussi d’autres besoins qui passent sous le radar, insiste-t-il. En effet, il serait temps de proposer des solutions pour répondre aux mouvements de masse à venir.»
Il souhaite que les projets de transport prennent en compte les besoins grandissants des régions, comme les Laurentides. M. Lalande a d’ailleurs réitéré son appui à l’idée d’un prolongement du REM jusqu’à Mirabel.
La CMM rejette les attaques
Appelée à réagir jeudi, la mairesse de Montréal Valérie Plante, qui est aussi présidente de la CMM, a été catégorique.
«L’étalement urbain, c’est un fléau qui a un impact direct sur les changements climatiques. Ça veut dire créer des nouvelles villes, des nouveaux quartiers, des nouvelles routes et aussi des nouvelles infrastructures souterraines, tout en encourageant la voiture solo.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
Elle invite le maire de Saint-Colomban «à regarder ce qui se passe» partout sur le territoire de la CMM, «mais aussi partout à travers le monde».
«Les remèdes sont toujours les mêmes. Il faut densifier et avoir plus de transport collectif pour vraiment s’adapter au principal émetteur de GES, qui est encore une fois l’automobile», a-t-elle aussi fait remarquer.