Montréal

Gestion des déchets: un enjeu de taille pour Montréal

La Ville de Montréal a entamé jeudi une consultation publique concernant son plan visant l’atteinte de l’objectif zéro déchets. Un objectif ambitieux qui nécessitera notamment des actions pour contrer le gaspillage alimentaire et réduire les déchets produits par les citoyens.

Jeudi après-midi, plusieurs représentants d’organismes et des citoyens ont pris part à une première séance d’audience des mémoires tenue à l’hôtel de ville dans le cadre de la consultation sur le Plan de gestion des matières résiduelles 2020-2025. Ce dernier donne comme cible de détourner 70% des déchets de la métropole de l’enfouissement d’ici 5 ans. Un pourcentage qui devrait grimper à 85% en 2030.

Cette cible est ambitieuse dans la mesure où, actuellement, plus de la moitié des matières résiduelles produites annuellement dans l’agglomération prennent le chemin de l’incinération.

«Je suis certaine qu’on peut arriver à quelque chose de très bien avec ce plan-là. Je pense que ce sera un plan à l’image de la crise climatique», a commenté à Métro la chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Éthier. 

Revalorisation

Pour atteindre cet objectif, la Ville entend notamment réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025. À cet égard, elle envisage entre autres d’interdire aux principaux acteurs de l’alimentation, comme les restaurants et les épiceries, de jeter à la poubelle des produits qui sont encore comestibles. En dernier recours, ces matières devraient être compostées au lieu d’être incinérées, estime la Ville.

«Le gaspillage alimentaire, c’est une pratique qui n’est pas acceptable. On veut s’assurer que les aliments ne se retrouvent pas à la poubelle et aillent plutôt aux gens qui en ont besoin», évoque à Métro le directeur principal en développement durable au Conseil canadien du commerce de détail, Philippe Cantin. 

Dans les dernières années, plusieurs initiatives locales ont vu le jour à Montréal afin de lutter contre le gaspillage alimentaire. C’est notamment le cas de La Transformerie, une entreprise sociale de Rosemont–La Petite-Patrie qui utilise des fruits et légumes invendus pour en faire notamment de la confiture. Il y a également l’entreprise Blanc de gris, qui se sert de résidus organiques, comme le marc de café, pour cultiver des champignons. 

La «réduction à la source» du nombre de déchets produits «devrait effectivement être la priorité avant le compostage et la biométhanisation, qui devraient arriver en dernier recours», estime à cet égard le coordonnateur du Réseau contre le gaspillage alimentaire, Éric Ménard.

«Il y a moyen de diminuer la facture du compostage des matières organiques par la Ville en leur trouvant des débouchés.» -Louise Hénault-Éthier, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki

Tarification des déchets

Louise Hénault-Éthier estime également que la Ville devrait envisager la mise en place d’un système de tarification des déchets. Cela pourrait aider la Ville à atteindre une de ses cibles, qui est de réduire de 20% le nombre de déchets produits par les citoyens d’ici 2030, souligne-t-elle.

Cette consultation soulève également l’enjeu de l’emballage des aliments périssables. Selon l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes, le retrait des emballages en plastique de tels produits «pourrait avoir des répercussions importantes». La durée de vie de ceux-ci serait alors considérablement réduite, a-t-elle souligné pendant la consultation, jeudi.

«Le retrait de l’emballage plastique aurait des conséquences importantes sur l’industrie et les consommateurs. Ça entraînerait plus de déchets», a affirmé sa présidente, Sophie Perreault.

Cette consultation, pilotée par la Commission sur l’environnement, se poursuivra jusqu’au 22 janvier.

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