La pandémie du coronavirus vient complexifier la crise du recyclage à Montréal, qui peine à trouver une entreprise intéressée à gérer ses matières recyclables. Pendant ce temps, ailleurs au Québec, une lumière pointe à l’horizon.
Les élus montréalais ont adopté, lundi soir, un contrat de plus de 1,6 M$ pour permettre la collecte des matières recyclables dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Il couvre les six prochains mois à partir du premier mai.
Le contrat a été accordé dans l’urgence à l’entreprise Environnement Routier NRJ, le seul soumissionnaire, en raison de la résiliation d’un contrat octroyé à une entreprise gérée par Rebuts solides canadiens (RSC).
Dans les dernières années, cette entreprise a géré quatre centres de tri au Québec, dont deux à Montréal, en plus d’offrir des services de transport de ces matières. À la fin du mois de janvier, RSC a toutefois annoncé son départ imminent du Québec.
Trois mois plus tard, la Ville de Montréal peine toujours à trouver un remplaçant pour gérer ses centres de tri à Saint-Michel et à Lachine.
«Nous sommes toujours en discussions avec le contrôleur de RSC pour trouver un nouvel opérateur», confirme à Métro l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy. Cette dernière assure que «ces démarches n’ont pas d’impact sur la collecte et le service au citoyen».
Éviter l’enfouissement
Le temps presse toutefois de trouver une entreprise prête à gérer ces centres de tri et à trouver des débouchés au Québec pour ces matières, estime le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard. Autrement, ces matières pourraient finir à l’enfouissement, la Chine ayant cessé de les accepter, note-t-il.
«On ne peut pas récupérer si on n’a pas de plans pour traiter les matières qu’on récupère. On dit que la récupération des matières est prioritaire, mais qu’est-ce qu’on fait si on n’a pas les ressources pour le faire?», questionne l’expert.
«Nous évaluons présentement divers scénarios permettant d’assurer la continuité de nos opérations à long terme», assure Mme Houde-Roy.
Le coronavirus gonfle les prix
Le montant de ce contrat, qui prendra fin le 31 octobre, est d’ailleurs 35% plus élevé que les prévisions de la Ville, qui n’a pas encore trouvé une entreprise pour collecter ces matières dans Ville-Marie et dans Lachine après le départ de RSC. Dans ses documents décisionnels, la Ville justifie cet écart en soulignant les défis de recrutement de main-d’oeuvre et les enjeux de santé des travailleurs qu’entraîne la crise du coronavirus.
«En pleine crise du COVID-19, on se retrouve à devoir approuver ce type de contrat parce que tout le reste est fermé», déplore le porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’environnement, Francesco Miele. Ce dernier craint que les contrats «à la pièce» que la Ville devra accorder en attendant de trouver un remplaçant officiel à RSC affectera sa situation financière, qui écope déjà de la crise du coronavirus.
«Il faut avoir un plan d’ensemble pour savoir ce qui va se passer avec le départ de RSC. En ce moment, la Ville ne gère pas ce dossier-là, elle le subit.» -Francesco Miele
Espoir ailleurs au Québec
Après avoir connu une situation difficile, plusieurs centres de tri de la province bénéficient actuellement de la hausse de la valeur du papier et du carton, a indiqué à Métro Tricentris, qui gère le tri des matières recyclables dans plusieurs régions du Québec.
«Avec les très grandes quantités de papier de toilette qui ont été achetés et le carton pour les livraisons, il y a plus de demande locale. Donc les matières sont plus demandées et leur valeur est plus élevée», explique la spécialiste en gestion des matières résiduelles et cofondatrice de la coopérative environnementale Incita, Amélie Côté.
Ainsi, des centres de tri dans différentes régions réussissent plus facilement à trouver des débouchés au Québec et ailleurs en Amérique du Nord pour les matières qu’ils traitent, ce qui donne espoir de pouvoir enfin trouver une issue à la crise du recyclage dans la province.