Montréal

Tourisme: la ruée des villes vers les régions sème l’inquiétude

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Le centre-ville de Montréal

Un rapport sur les locations à court terme de résidences de tourisme laisse planer la possibilité que de nombreux Montréalais se déplacent vers les régions pendant leurs vacances, cet été. Une situation qui inquiète des experts alors que la métropole est l’épicentre de la crise du coronavirus au pays.

Le site spécialisé AirDNA a publié mercredi un rapport qui dresse un portrait de la remontée des réservations sur les plateformes de type Airbnb dans les dernières semaines un peu partout dans le monde.

Au mois de mars, le tourisme international a chuté drastiquement alors que de nombreux pays ont fermé leurs frontières, imposé une quarantaine aux voyageurs étrangers et réduit les vols internationaux au minimum. Face à cette crise, qui a miné ses finances, Airbnb a mis à pied le quart de ses employés au début du mois.

Le rapport, qui compile plus de 10 millions de propriétés, fait toutefois état d’un «rebond» substantiel des locations à court terme ans les dernières semaines. Une situation qui s’explique par la croissance du tourisme «domestique», d’une région à l’autre d’un même pays.

Du tourisme dans les régions

Dans plusieurs lieux de plaisance à l’extérieur des grands centres urbains et dans les zones côtières aux États-Unis, le nombre de nouvelles réservations hebdomadaires de résidences de tourisme a bondi de plus de 900% entre la semaine du 6 avril et celle du 18 mai. Le rapport constate aussi des hausses, moins importantes, dans plusieurs régions d’Europe. Globalement, le nombre de réservations a grimpé de 127% entre ces deux semaines, dans les pays analysés.

Il faut toutefois relativiser ces données, estime le professeur d’urbanisme à l’Université McGill, David Wachsmuth.

«Il y a eu une chute dramatique du nombre de réservations sur les plateformes de location à court terme dans les derniers mois […] On parle d’une croissance à partir de nombres très bas», souligne l’expert.

Les villes moins attrayantes

Au Québec, comme aux États-Unis, les grandes villes constatent une croissance bien moins importante de ces réservations par rapport aux régions.

Au Canada, entre les deux semaines analysées, celles-ci ont crû de 62% à Vancouver, de 20,1% à Toronto et de 9,7% à Montréal. C’est en fait dans la métropole québécoise où la hausse des réservations a été la plus mince parmi toutes les villes analysées. Afin de contenir la propagation du coronavirus, Québec a interdit la location de résidences de tourisme dans la province.

«Quand on voit que les résidences de tourisme sont illégales et que Montréal est très touchée [par la crise du coronavirus], ça devient normal de penser que les réservations vont être très basses.» – David Wachsmuth, professeur d’urbanisme à l’Université McGill

L’expert craint toutefois que, suivant le modèle américain, des résidents du Grand Montréal décident en grand nombre d’aller passer leurs vacances en région cet été. Le gouvernement Legault a d’ailleurs annoncé mercredi que les résidences de tourisme, de même que les campings, pourront de nouveau opérer à l’extérieur du Grand Montréal et de la MRC de Joliette à partir du premier juin.

«La situation est que les gens de Montréal sont plus affectés par l’épidémie actuelle, donc il va sans doute y avoir plus d’expositions des régions au virus», analyse le professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM, Benoit Barbeau.

Dans ce contexte, l’expert estime aussi qu’il faut «persister» à sensibiliser aux touristes locaux les mesures sanitaires qu’ils doivent respecter «pour éviter des éclosions dans des régions». 

Interdiction non respectée

Au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), on s’offusque de constater que plusieurs hôtes continuent de défier le moratoire imposé par Québec. Dans la semaine du 18 mai, 949 logements de type Airbnb ont fait l’objet d’une réservation à Montréal, selon AirDNA.

«On se demande ce que Revenu Québec fait pour faire face à cette situation», laisse tomber le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard. Questionné par Métro dans les dernières semaines, le ministère du Tourisme avait indiqué qu’il «incombe à l’exploitant de cesser et d’annuler ses réservations». 

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