Les cyclistes peuvent, depuis le 8 juillet, partager les voies réservées avec les autobus et les taxis. Une cohabitation qui est dépeinte comme s’éloignant de la fonction initiale des voies réservées selon un conseiller municipal.
Le partage des voies réservées entre les autobus et les vélos est «inapproprié» pour celles à haute fréquentation, a indiqué lundi le conseiller municipal de Snowdon, Marvin Rotrand.
«L’idée d’avoir une voie réservée est de faire concurrence aux voitures, en augmentant donc la vitesse des trajets en transports en commun», a-t-il souligné à Métro.
En s’appuyant sur des recherches académiques, M. Rotrand affirme que le partage de ces voies avec les cyclistes va entraîner un ralentissement notable des trajets des autobus.
«Il y a un lien direct entre l’accroissement de l’achalandage et une voie réservée où l’autobus circule relativement rapidement», a-t-il assuré.
«Les voies partagées sont inappropriées où plus d’une ligne d’autobus circule sur une voie réservée ou lorsque qu’une voie réservée est utilisée par une route haute fréquentation comme celles sur le réseau 10 minutes maximum», peut-on lire dans une lettre que le conseiller indépendant a envoyée au président et au directeur général de la Société des Transports de Montréal (STM), dont Métro a pu obtenir une copie.
Une annonce qui tombe mal selon lui, à la suite d’une baisse de 83 % de l’achalandage dans les transports en commun avec la présence de la COVID-19, en date du 31 mars, comparativement à un jour de semaine moyen équivalent.
Contactée par Métro, la Ville a indiqué que «la STM a fait toutes les analyses nécessaires» en amont et assure «qu’il n’y aura pas d’impact sur la circulation des autobus».
Avec ce partage de voies, «les autobus sont ceux qui sont le plus pénalisés par la présence de vélos (…) car les cyclistes ralentissent les autobus», a reconnu Pierre Barrieau, chargé de cours en planification des transports à l’UQAM et à l’UdeM, en entrevue avec Métro.
Angle mort
Si le partage de la voie réservée peut être néfaste pour la bonne circulation des autobus, Marvin Rotrand a également souligné qu’avec les angles morts «il est très difficile de voir les cyclistes» pour les opérateurs. Cela pourrait entraîner de graves accidents.
Ce partage de route entre autobus et vélo met fin à un flou juridique pour les cyclistes. «Le Code de la route exige que les vélos se tiennent dans la voie de droite, sauf s’ils tournent à gauche ou effectuent un dépassement (…) et ils pouvaient se faire donner des amendes parce qu’ils n’avaient pas le droit d’être dans une voie réservée », a indiqué Pierre Barrieau.
On dénombre actuellement cinq voies bus-vélos, sur les axes Viau, Wellington, Maurice-Duplessis, Léger et Thimens. D’autres seront à venir au cours de l’année, a confirmé la STM.
Depuis janvier dernier, la création des nouvelles voies réservées sur les grands axes est entre les mains de la ville de Montréal. Les arrondissements n’ont plus leurs mots à dire.