Près de 40% des petites et moyennes entreprises (PME) du Québec pourraient écoper de la grève des débardeurs du port du Montréal, selon un sondage.
Le 10 août dernier, les 1125 débardeurs du port de Montréal ont enclenché une grève générale illimitée alors que les négociations achoppent avec l’Association des employeurs maritimes (AEM), notamment concernant les horaires de travail des membres du syndicat. Depuis, quelque 11 500 conteneurs sont immobilisés sur les quais du port de Montréal, le deuxième plus important au pays.
Selon un sondage mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) depuis le 13 août et mis en ligne jeudi, une PME sur cinq au pays affirme que cette crise, qui s’ajoute à celle de la COVID-19, va nuire à ses activités. Au Québec, ce pourcentage grimpe à 37%.
Ainsi, nombre d’entreprises écopent entre autres de retards de livraisons, de frais supplémentaires et de productions ralenties par cette crise. Des répercussions qui s’ajoutent à celles de la crise du coronavirus.
«Les PME sont encore très fragiles. La COVID-19 les a durement frappées. Comme si ce n’était pas déjà suffisant, voilà qu’elles font de nouveau face à un choc. La grève illimitée au port de Montréal freine la reprise de leurs activités, en particulier au Québec et en Ontario», soulève, par voie de communiqué, le vice-président au Québec pour la FCEI, François Vincent.
Parmi les secteurs les plus touchés par cette grève, on compte d’ailleurs celui du commerce du détail, déjà durement affecté par la pandémie. Les industries du commerce du gros, de la fabrication et dans le secteur de l’agriculture écopent aussi durement.
Ottawa appelé à l’aide
Le coup de sonde constate d’ailleurs que 46% des PME du pays et 70% de celles qui opèrent au Québec pressent Ottawa d’avoir comme priorité de mettre fin «le plus rapidement possible» à la grève en cours au port de Montréal.
«Les conséquences sont directes et bien réelles. Il est temps que le gouvernement fédéral intervienne pour mettre fin au conflit, car plus celui-ci perdure, plus cela fait très mal à l’économie canadienne», martèle M. Vincent, qui appréhende des fermetures d’entreprises en raison de ce conflit de travail, si celui-ci perdure.
La semaine dernière, différents ministres du Québec et de l’Ontario ont envoyé une lettre conjointe au gouvernement fédéral pour lui demander d’intervenir pour mettre fin à la grève qui paralyse le port de Montréal. Ottawa refuse toutefois pour l’instant d’opter pour une loi spéciale pour mettre fin à ce conflit de travail, préférant laisser les négociations suivre leur cours.
Mobilisation suspendue au port de Montréal
À cet égard, le syndicat qui représente les débardeurs du port de Montréal a annoncé mercredi soir qu’il ne tiendra pas de mobilisation aujourd’hui. Celle-ci se voulait une réponse à la menace de la partie patronale d’utiliser des travailleurs de remplacement pour déplacer 477 conteneurs jugés importants. Or, l’AEM a annoncé en soirée, mercredi, qu’elle suspendait cette menace pour jeudi.
Les discussions reprennent donc aujourd’hui entre les deux parties. La convention collective qui unit le syndicat à la partie patronale est échue depuis le 31 décembre 2018.
Plus de 19 000 emplois sont liés de façon directe ou indirecte aux activités du port de Montréal, selon des chiffres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il générerait aussi des retombées économiques annuelles de 2,6 G$.