Certaines voies cyclables et piétonnes mises en place temporairement cet été dans le contexte de la crise sanitaire pourraient-elles faire leur retour l’an prochain? La Ville demeure nébuleuse sur cette possibilité, qui soulève des réactions divergentes.
Vendredi dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a confirmé que la Ville démantèlera cet automne l’ensemble des voies actives et sécuritaires (VAS) mises en place cet été afin de faciliter le respect de la distanciation physique sur la voie publique dans le contexte de la pandémie. Une décision que déplore Vélo Québec.
«Je trouve ça dommage de tout enlever ça, sous prétexte que c’était temporaire», déplore à Métro la présidente-directrice générale de l’organisme, Suzanne Lareau, qui estime que certains de ces aménagements auraient pu rester en place cet hiver.
Celle-ci voit toutefois d’un bon œil le sondage en cours, lancé par la Ville, pour déterminer la «satisfaction» des Montréalais à l’égard des VAS. L’administration souhaite ainsi «poursuivre une réflexion sur un meilleur partage de l’espace public dans nos quartiers et sur l’amélioration de nos milieux de vie». Une initiative qui pourrait aider la Ville à déterminer quelles voies cyclables et piétonnes de son plan de déplacements estival elle devrait remettre en place l’an prochain, estime Mme Lareau.
Plus de cyclistes
La Coalition vélo de Montréal constate d’ailleurs une hausse du nombre de cyclistes dans les rues de la métropole cet été, la crise sanitaire ayant incité plusieurs Montréalais à troquer le transport en commun pour le vélo. Une tendance qui devrait se poursuivre l’an prochain, selon l’organisme.
«Mais si on retire toutes les pistes, ces gens vont retourner soit à la voiture, soit au transport collectif», appréhende son porte-parole, Daniel Lambert.
L’organisme Piétons Québec, pour sa part, préfère attendre de voir les résultats des analyses en cours à la Ville sur les rues piétonnes avant de se prononcer sur celles qui devraient selon lui faire leur retour l’an prochain. L’avenue du Mont-Royal et la rue Wellington comptent parmi les rues commerciales temporairement réservées aux piétons cet été.
«Je pense qu’il y a une analyse à faire pour voir quelles [VAS] on doit pérenniser et celles qu’on doit retirer.» -Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec
Une phase 2 des VAS?
Sur les réseaux sociaux, la conseillère associée à la mobilité active au comité exécutif, Marianne Giguère, a d’ailleurs laissé entendre dans les derniers jours que certains de ces aménagements pourraient revenir l’an prochain «dans une version 2 améliorée et permanente». Elle a notamment donné en exemple la piste cyclable mise en place sur l’avenue Christophe-Colomb, qui a soulevé des réactions divergentes auprès des cyclistes et des automobilistes concernés par ce réaménagement temporaire.
«Conçues dans l’urgence pour un été particulier, [les VAS] ne sont pas pensées pour être entretenues l’hiver et des ajustements sont requis pour que certaines d’entre elles reviennent pour de bon l’an prochain, si la réponse est favorable quant à leur utilité et [à leur] appréciation!», a d’ailleurs affirmé vendredi dernier Mme Giguère sur sa page Facebook, en incitant les citoyens à prendre part à ce coup de sonde.
Opposition
Une déclaration qui a fait sursauter le parti Ensemble Montréal, qui a critiqué les VAS à maintes reprises cet été.
«C’est une mesure à mettre en temps d’urgence. Donc, de vouloir la rendre permanente, ça montre qu’on est allés bien au-delà de la définition de mesures d’urgence pour faire avancer un agenda politique», a tonné lundi le leader adjoint de l’opposition officielle, Francesco Miele, en entrevue à Métro. L’élu a d’ailleurs interpellé lundi après-midi Mme Plante sur les VAS pendant une séance extraordinaire du conseil municipal visant à prolonger l’état d’urgence local jusqu’à la fin du mois de septembre.
En réaction, Mme Plante a réitéré que la Ville retirera toutes les VAS cet automne. Elle n’a toutefois pas écarté que certaines de ces voies cyclables ou piétonnes «reviennent» éventuellement.
«La pérennisation de certains aménagements pourrait être envisagée, mais il faut d’abord faire un travail de consultation nous permettant d’inclure le public dans ces réflexions sur un meilleur partage de l’espace public dans nos quartiers», a plus tard précisé à Métro une attachée de presse du cabinet de Mme Plante, Catherine Cadotte.