Même s’il jouait régulièrement aux cartes avec Nic Rizzuto, Nicolo Milioto s’est défendu lundi d’avoir trempé dans les affaires du clan mafieux montréalais.
Le nouveau témoin de la Commission Charbonneau a déclaré sous serment que le patriarche des Rizzuto n’était qu’un simple ami avec qui il se contentait de discuter de jeux de cartes. «Pour moi, c’est un bon père de famille, une bonne personne», a affirmé M. Milioto. Entre 2004 et 2006, la GRC l’avait aperçu plusieurs fois au café Consenza, le quartier général des Rizzuto. Dans une vidéo déposée en preuve devant la commission à l’automne dernier, on le voit remettre une liasse de billets à l’un des lieutenants du clan, toujours au Consenza.
Des témoins de la commission l’avaient ainsi identifié comme étant l’intermédiaire entre les entrepreneurs et la mafia qui récoltait la cote de 3% du clan Rizzuto.
À l’image du témoignage de Giuseppe Borsellino, qui a surtout incriminé Gilles Surprenant, un témoin qui s’était déjà confessé, M. Milioto a de son côté rejeté la faute sur Lino Zambito.
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Les faits étaient difficiles à nier puisque les deux hommes avaient été filmés en train de s’échanger de l’argent au Consenza, mais M. Milioto s’en est tenu à ce qui a été vu et dit devant la commission. Ainsi, seul Lino Zambito lui aurait remis de l’argent, mais il ne sait pas pourquoi. «Vous apportez de l’argent à M. Rizzuto; vous savez par les journaux qu’il est membre du crime organisé montréalais; vous ne le connaissez pas pour parler d’autres choses que de dames de pique et d’as de trèfle avec lui; vous lui apportez de l’argent… mais vous ne lui demandez même pas pourquoi? l’a talonné la procureure en chef Me Sonia LeBel.
«Pourquoi je demanderais pourquoi? Ce n’est pas mes affaires», a répondu M. Milioto.
Ce ne serait pas pour payer le «pizzo» [la cote], a suggéré la présidente France Charbonneau. Le témoin a répondu qu’il n’en avait jamais entendu parler au Canada.
Son témoignage se poursuit mardi.