Pendant des années, les écologistes locaux ont travaillé sans relâche pour protéger les derniers milieux humides importants de Montréal, situés près de l’aéroport Montréal-Trudeau. Ces appels s’intensifient alors qu’une coalition de groupes locaux tend la main au ministère fédéral de l’Environnement avec une nouvelle proposition concernant le vaste espace vert.
Si leur proposition est acceptée, plus de 140 hectares de nature sauvage appartenant au gouvernement fédéral seraient préservés en tant que réserve faunique nationale. Cela comprendrait également les 56 hectares adjacents de forêts, de marais et de prairies appartenant à la Ville de Montréal, au Golf Dorval et aux promoteurs privés à l’intérieur et autour du secteur du Technoparc à Saint-Laurent.
Ensemble, ces terres et ces milieux humides formeraient un sanctuaire de la taille du parc du Mont-Royal.
«Nous sommes là, criant et hurlant à propos de ces espaces verts depuis des années, et personne n’a voulu faire quoi que ce soit à ce sujet, s’indigne la militante écologiste Lisa Mintz. Il est temps que ça change.»
Lisa Mintz fait partie de la Coalition verte, un groupe composé de plus de 60 organisations de la région de Montréal qui se battent pour stopper la construction sur les terres humides depuis 2016.
En plus d’intenter une action en justice contre la Ville, le groupe a fait circuler une pétition en ligne appelant à l’arrêt des travaux de construction dans le secteur de l’Eco-campus Hubert Reeves du Technoparc. La cause a reçu plus de 98 000 signatures en 2018.
«La région est d’une beauté à couper le souffle et ils veulent la détruire», ajoute-t-elle.
Le mois dernier, le groupe a exprimé son soutien au projet de réserve faunique nationale dans une lettre ouverte au gouvernement fédéral. La lettre a également été signée par l’ancien ministre provincial de l’Environnement, Clifford Lincoln, l’ancienne chef du Parti vert, Elizabeth May, et deux douzaines de maires, conseillers municipaux et responsables environnementaux.
«Notre objectif spécifique est la préservation à perpétuité du dernier grand écosystème marécageux et riverain de l›île de Montréal», y lit-on.
«Tout le monde veut un morceau de ces zones humides : le REM, les arrondissements, les promoteurs privés… » Lisa Mintz, militante environnementale
140 – Nombre d’hectares que la Coalition verte souhaiterait conserver en tant que réserve faunique nationale.
Lueur d’espoir dans le Discours du trône
Alors que Mme Mintz disait ne pas trop espérer en ce qui concerne un changement concret du gouvernement, une ligne dans le Discours du trône du gouvernement libéral et l’intérêt manifesté par les politiciens ont ravivé ses espoirs autour de la viabilité du projet.
«La pandémie a rappelé aux Canadiens l’importance de la nature, avait lu l’ex-gouverneure générale du Canada, Julie Payette, dans ce discours. Le gouvernement travaillera avec les municipalités dans le cadre d’un nouvel engagement visant à agrandir les parcs urbains, afin que chacun ait accès aux espaces verts.»
Pour certains, il n’y a pas de meilleure façon de respecter cet engagement au Québec qu’en protégeant les milieux humides. Invité à commenter, Environnement et Changement climatique Canada a lancé la balle à Transports Canada, qui a indiqué être au courant de la proposition de la Coalition verte et assure se pencher sur la question.
Mais quel que soit le résultat, des militants comme Jim Harris s’engagent à continuer à sensibiliser et à faire de leur mieux pour défendre ces espaces verts.
«Le combat pour la nature ne s›arrête jamais, dit-il. Je ferai ça jusqu’au jour de ma mort.»
Situées du côté nord de l’aéroport, les zones humides abritent près de 100 espèces d’oiseaux, y compris le petit blongios en voie de disparition. Ils servent également de site de nidification pour la plus grande colonie de hérons de l’île.