Le conseiller municipal Marvin Rotrand présentera une motion au Conseil municipal dans le but d’exhorter les autorités de santé publique aux niveaux fédéral et provincial à recueillir et publier des données relatives à la COVID-19 fondées sur des facteurs raciaux et socio-économiques.
Ces données incluraient «la race, le revenu, l’handicap et d’autres déterminants sociaux de santé qui permettront de mettre en œuvre des interventions et des programmes sociaux documentés», peut-on lire dans la motion.
Plus d’une quinzaine d’organisations de la société civile représentant des groupes minoritaires et racisés, dont le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), incitent le Conseil municipal à voter en faveur de cette motion à la séance du 22 février prochain.
Selon le conseiller indépendant Marvin Rotrand, il est impossible d’avoir un portrait authentique de la COVID-19 ni des réponses efficaces sans données exactes et à jour.
«Des informations agrégées peuvent nous donner un portrait réel. Qui est atteint de la COVID-19? Qui va à l’hôpital? Quel est le nombre d’hospitalisations selon la race? Qui meurt?», demande-t-il.
La motion invite également le Conseil municipal à décréter que cette collecte de données se poursuive au-delà de la pandémie.
Effets disproportionnés sur les personnes racisées
Cela fait écho aux recherches, faites tant au Canada qu’aux États-Unis, qui démontrent les effets disproportionnés de la pandémie sur les communautés autochtones et racisées, ainsi que toutes les personnes dont l’accès aux soins de santé est compromis par des obstacles systémiques liés à la pauvreté, à l’exclusion économique et au racisme systémique.
«Au Canada, nous n’avons pas de données recueillies de manière systématique», déplore le directeur général du CRARR, Fo Niemi.
À ce jour, le Manitoba est la seule province à répertorier l’ethnicité des patients atteints de COVID-19.
Après avoir adopté une motion similaire à celle de Marvin Rotrand, la Ville de Toronto et la municipalité régionale de Peel ont commencé à recueillir ces données fondées sur la race. Celles-ci démontrent un taux d’infection plus élevé chez les personnes noires et d’origine sud-asiatique.
Au printemps dernier, le CRARR avait fait une demande similaire au gouvernement du Québec. Bien que le directeur de la santé publique, Horacio Arruda, ait affirmé que la province ferait la collecte de ce type de données, Québec a ensuite reculé sur cet engagement.
«Je veux savoir si le gouvernement du Québec a peur des données. Révéleront-elles des inégalités raciales?» s’interroge Marvin Rotrand.
Pour l’instant, les données existantes sur la COVID-19 au Québec indiquent des taux d’infection et de mortalité disproportionnés chez les femmes et les personnes de 70 ans et plus.
Quartiers chauds
Pourtant, la Direction régionale de santé publique (DRSP) à Montréal donne quotidiennement des indices qu’il y a plus de cas de COVID-19 dans les quartiers où vivent une forte proportion de personnes racisées comme Montréal-Nord, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Parc-Extension ou Saint-Michel.
D’ailleurs, la mairesse de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Giuliana Fumagalli appuie la motion.
«Il y a des soucis au sein de la communauté tant micheloise que celle de Parc-Extension d’avoir des données pour pouvoir agir et venir aider et apaiser la communauté de l’arrondissement», déclare-t-elle.