L’organisme l’Anonyme reçoit du financement additionnel pour son projet de maison de chambres dans Hochelaga-Maisonneuve. Celui-ci était menacé en raison d’une hausse des coûts liée à la pandémie de COVID-19.
L’organisme avait reçu une subvention de 2,3 M$ en 2019 afin de faire l’acquisition et la rénovation d’une maison de chambres sur la rue Sainte-Catherine Est. Or, ce montant s’avère aujourd’hui nettement insuffisant.
«Notre entrepreneur est venu nous voir en disant que ça n’a pas de bon sens avec la COVID-19, que les coûts des matériaux et des ressources humaines ont explosé», raconte le directeur adjoint de l’Anonyme, Julien Montreuil.
La Ville de Montréal réserve un montant de près de 950 000$ pour couvrir les frais supplémentaires occasionnés par la pandémie.
La directrice générale de l’Anonyme, Sylvie Boivin, affirme que ce montant additionnel est essentiel.
«Sans ces sommes, clairement on ne pouvait pas aller de l’avant avec le projet. On est heureux, fébriles et excités.»
Personnes sans domicile fixe
Les travaux au 3629 rue Sainte-Catherine Est ont débuté le 18 janvier et devraient se terminer d’ici la fin de l’année 2021. Un total de 14 chambres à loyer abordable est prévu. Celles-ci permettront de loger des personnes sans domicile fixe, faute de correspondre aux critères ou aux exigences des hébergements existants.
«On a vraiment hâte que les personnes puissent loger dans l’immeuble», affirme M. Montreuil.
La DG de l’Anonyme explique que les futurs locataires auront trois règles importantes à respecter: «garder ça salubre minimalement, payer son logement et garder la paix. Après, ce qu’ils font dans leur chambre, ça leur appartient.»
M. Montreuil rappelle de son côté que l’objectif premier, «c’est que les gens aient un logement et qu’ils retrouvent une certaine dignité».
Financement
Ce financement a été accordé dans le cadre de l’axe 3 de la Stratégie 12 000 logements, déployé par la Ville de Montréal et destiné à des personnes avec des enjeux spécifiques, soutient Robert Beaudry, responsable de l’habitation au sein du comité exécutif.
«Ce sont des fonds innovants pour des projets sortants de l’ordinaire qui ne pourraient pas prétendre obtenir un financement par exemple d’Accès Logis pour du logement social régulier ou qui ne pourraient pas non plus être soutenus par un programme de la ville de Montréal», précise-t-il.
Le gouvernement fédéral et le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL), par l’entremise du programme Vers un chez-soi, ont pour leur part octroyé 870 000$ à l’Anonyme afin de soutenir son projet immobilier.
Front commun pour le logement social
Les villes de Gatineau, Montréal et Québec ont interpellé ce vendredi le gouvernement du Québec, demandant un investissement immédiat de près de 300 M$ en matière de logement social.
Interrogé sur le rattrapage à faire à ce sujet, Robert Beaudry mentionne que le gouvernement québécois n’a pas investi de nouvelles sommes dans les villes pour le logement social depuis deux ans.
«C’est très difficile actuellement de démarrer de nouveaux projets en logement social. On remarque d’ailleurs un retard sur notre objectif de 6000 logements sociaux que s’était donné à la Ville de Montréal.»
Selon le responsable de l’habitation, il faut impérativement que le gouvernement du Québec réinvestisse les sommes nécessaires dans le programme Accès Logis.
Il explique que la Ville de Montréal a appliqué près de 300 droits de préemption sur des terrains partout dans la métropole, afin de pouvoir les acquérir en priorité, mais que cette action est inutile sans argent du provincial.