Une pétition exigeant de renommer l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau pour qu’il s’appelle plutôt «René-Lévesque» fait son chemin en terrain démocratique. En temps et lieu, le Parti québécois (PQ) a bien l’intention d’en faire un débat à l’Assemblée nationale.
Lancée par la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB), la pétition a pris vie dans la foulée d’un article de Radio-Canada selon lequel l’ex-premier ministre Trudeau aurait envisagé en 1976 de gonfler le taux de chômage au Québec après l’élection du PQ de M. Lévesque.
Au moment d’écrire ces lignes, la pétition avait récolté pratiquement 32 000 signatures. Selon la présidente de la SSJB, Marie-Anne Alepin, il est plus que temps que l’aéroport de Dorval cesse de porter le nom de l’ex-politicien libéral. «Appeler un aéroport au nom d’un chef d’État, c’est un énorme honneur. M. Trudeau ne le mérite pas, cet honneur», avance-t-elle.
Un avis que partage l’actuel chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon.
«On va porter cette pétition à l’Assemblée nationale et faire un suivi pour tenter de convaincre tous les partis de représenter la volonté des Québécois dans ce dossier-là», indique-t-il en entrevue avec Métro.
D’après l’avocat de formation, le nom de l’ex-premier ministre Lévesque fait consensus au Québec.
«Il représente une croyance en la démocratie québécoise. Et il est tout l’inverse de ce que représente Pierre-Elliot Trudeau, signale-t-il. Si ça avait été problématique de choisir ce nom-là, on ne serait pas à 31 000 signatures.»
Au fédéral de statuer
Malgré les intentions de la formation souverainiste de faire mousser ce changement de nom à Québec, c’est au gouvernement fédéral de statuer sur le nom d’un aéroport. Or, c’est le fils de Pierre-Elliott Trudeau, Justin, qui occupe pour l’instant la chaise du premier ministre.
Paul St-Pierre Plamondon ne lâche pas le morceau et veut «mettre la pression sur Ottawa».
«Il faut rappeler les paroles de Justin Trudeau lui-même. Lorsqu’il y a eu le déboulonnage de la statue de John A. Macdonald, il a dit qu’il ne fallait pas avoir peur de revoir les faits et gestes des anciens premiers ministres du Canada, y compris son père», argue le chef péquiste.
À la SSJB, le combat pour effacer le nom de Pierre-Elliott Trudeau du terminal aérien montréalais se poursuit. «C’est le genre de processus qui prend un certain temps, et les gouvernements changent», affirme Mme Alepin.
Anciennement l’aéroport Dorval, «YUL» porte le nom de Trudeau Père depuis 2004. C’est le premier ministre libéral de l’époque, Jean Chrétien, qui avait tranché.