En utilisant les arts du cirque comme outil d’intervention, l’organisme Cirque Hors Piste fournit un «exutoire» à des jeunes en situation de grande précarité dont la détresse psychologique s’est exacerbée avec la pandémie.
Chaque semaine, Cirque Hors Piste propose six heures d’ateliers artistiques allant de l’écriture à la danse, en passant par l’art clownesque.
Avec l’arrivée de la pandémie, l’organisme montréalais a dû adapter son offre pour poursuivre ses activités d’intervention auprès de sa clientèle marginalisée âgée entre 15 à 30 ans.
Sans quoi l’effet de la crise aurait été plus important sur leur isolement social, estime la directrice générale, Karine Lavoie. «Cette année, on a eu peur de perdre certains jeunes tellement la pandémie avait un impact sur leur santé mentale et qu’ils avaient des idées suicidaires», dit-elle.
Grande détresse psychologique
Dans ce contexte particulier, l’organisme continue d’offrir aux participants un lieu de rencontres, d’échanges et de détente où ils peuvent oublier leurs problèmes.
«On a réalisé à quel point la détresse psychologique chez les jeunes avec qui on travaille était grande. On a vraiment vu l’impact positif que pouvait avoir notre espace et l’approche du cirque social sur la santé mentale des jeunes avec qui on travaille», poursuit Mme Lavoie.
Sabrina, 25 ans, est une des participantes qui fréquentent ce «safe space» sur une base régulière depuis plus d’un an. Selon elle, tout le monde a besoin d’un endroit comme celui-ci «où on peut être nous-même, apprendre des trucs et se surpasser», émet-elle.
Sans les activités offertes par l’organisme, la jeune femme pense qu’elle n’aurait aucune autre ressource vers laquelle se tourner. «Pendant la pandémie, honnêtement, si je n’avais pas ça, je ne sais pas trop ce que je ferais. Je serais chez peut-être moi à être un peu déprimée», confie Sabrina.
Et elle n’est pas la seule, selon l’intervenante à Cirque Hors Piste, Marilou Vinet. «Comme pour l’ensemble de la population, la pandémie a provoqué une grande perte de repères pour ces jeunes», explique-t-elle.
D’autant plus que souvent les jeunes participant aux ateliers ne fréquentent pas d’autres organismes puisqu’ils «ne se considèrent pas assez en précarité» pour le faire.
Le cirque comme outil d’intervention
Pour la directrice de l’organisme, Karine Lavoie, l’objectif du cirque social est vraiment de «redonner du pouvoir» aux jeunes vulnérables.
«C’est vraiment de leur faire sentir qu’ils ont une place dans la société et que cette place peut être hyper positive. On n’est pas là pour changer leur parcours, mais plutôt les accompagner dans le développement de leur propre parcours de vie», ajoute-t-elle.
D’ailleurs, Cirque Hors Piste a réellement aidé Sabrina a trouver sa voie puisque la jeune femme étudie maintenant à l’École nationale de cirque pour devenir instructrice en arts du cirque au sein de l’organisme.
«Ça m’a permis de découvrir de nouvelles passions, raconte-t-elle. Ça m’a aidé autant dans le développement de cet aspect-là que dans le développement de ma personne.»