Robert Marcil a eu beau nier toute implication dans le système de collusion et de corruption à Montréal, il était très proche des entrepreneurs.
Très loquace, l’ancien directeur à la réalisation des travaux à la Ville de Montréal a reconnu que les bouteilles de vin offertes aux fonctionnaires étaient une pratique courante à la Ville de Montréal. «Ça fait partie des bonnes relations d’affaires, a expliqué le témoin. Ce n’est pas une pratique qui est nouvelle au Québec […], elle n’est pas exclusive à Montréal […], elle est très présente au ministère des Transports.»
Dans cette même catégorie de petits cadeaux, M. Marcil inclut les invitations au restaurant aux frais des entrepreneurs. Il a admis qu’il allait manger au restaurant, deux à trois fois par année, avec une dizaine d’entrepreneurs, tous séparément.
[pullquote]
Intrigué, le commissaire Renaud Lachance lui a demandé quel était l’intérêt de ces rencontres. Il a répondu qu’il s’agissait de développement des affaires. «Pourquoi? Vous n’êtes pas en affaires?» a rétorqué M. Lachance.
M. Marcil a expliqué que les entrepreneurs pouvaient s’enquérir de la date de leurs paiements pour travaux réalisés, par exemple. «On appelle normalement le service des paiements ou, à la limite, celui qui s’occupe du dossier. Pourquoi on vous appelle vous?» a demandé M. Lachance.
«On m’appelait, car on me connaissait», lui a répondu l’homme. «Pour être connu, vous êtes connu parce que vous lunchez avec ben du monde, c’est clair que vous êtes très connu!» a répliqué le commissaire.
De plus, M. Marcil avait dû démissionner de son poste en raison d’un autre cadeau, un voyage en Italie avec l’entrepreneur Joe Borsellino en 2008. La commission reviendra sur cet épisode mardi.
En toute fin de journée, M. Marcil a cependant nié avoir directement rencontré des entrepreneurs à leurs bureaux. C’est alors que Me Gallant a fait entendre deux enregistrements électroniques de conversations entre l’entrepreneur Robert Lapointe de Construction Arctic Beluga et Robert Marcil sur lequel on comprend que celui-ci lui rend visite à ses bureaux.
Sur ce, la commission a suspendu jusqu’à mardi. Me Gallant a invité M. Marcil a bien réfléchir à ses réponses futures et surtout à prendre conseils auprès de son avocat.
Plus tôt en journée, il a même reconnu «être tombé en bas de sa chaise», selon l’expression de Me Gallant, lorsqu’il a pris connaissance des témoignages de ses anciens subalternes. Il dit n’avoir rien su du stratagème de Gilles Surprenant qui a touché plus de 700 000$ en pots-de-vin pour avoir gonflé les évaluations des projets de la Ville.
Claude Léger témoignera
Outre Robert Marcil, l’ancien directeur général Claude Léger sera également entendu. Il avait été forcé de quitter ses fonctions en 2009 à la suite du scandale des compteurs d’eau.