D’ici 2025, le service de collecte de matières organiques devra rejoindre 100% des citoyens montréalais, tel est l’objectif inscrit au portail officiel de la Ville de Montréal. Après l’implantation du système aux immeubles de huit logements et moins entre 2016 et 2019, c’est au tour des immeubles de neuf logements et plus ainsi qu’aux industries, commerces et institutions d’y participer.
La mise en place de la première phase de déploiement pour les gros bâtiments se fait progressivement jusqu’à l’automne 2021. Ce qui concerne six arrondissements, dont Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Pierrefonds-Roxboro, Rosemont–La Petite-Patrie, Saint-Léonard, Saint-Laurent et LaSalle.
Selon le responsable des relations gouvernementales, de l’environnement, des services aux citoyens, de l’approvisionnement, du matériel roulant et des ateliers au comité exécutif de la Ville de Montréal, Jean-François Parenteau, pour les petits immeubles, l’implantation du système était plus facile puisqu’un simple bac brun était remis à chaque ménage. Tandis que pour les gros immeubles, chaque bâtiment possède son lot de défi. «C’est un projet-pilote quasiment systématique, c’est pour ça le délai. Et notre clé de voûte dans l’implantation de ce projet, c’est la communication», explique M. Parenteau, aussi le maire de l’arrondissement de Verdun.
En 2019, des projets pilotes dans quatre arrondissements ont été annoncés par la Ville afin d’identifier des stratégies adaptées pour les secteurs à haute densité. Déjà en 2020, plus de 60 institutions scolaires se voyaient desservies par la collecte de matière organique. L’objectif est de rejoindre au total 90 établissements scolaires, principalement de niveau primaire et secondaire, en 2021. En 2025, la collecte de matière organique touchera plus de 350 000 logements situés dans les immeubles de neuf logements et plus et 30 000 institutions, commerces et industries sur le territoire montréalais. «Au commencement de l’implantation, les citoyens exprimaient une certaine appréhension, principalement en raison des odeurs. Maintenant, la phase de sensibilisation est plus costaude puisqu’il est nécessaire d’adapter des stratégies qui permettront aux citoyens d’adopter les comportements facilitant la collecte pour le long terme. Les employés des éco-quartiers travaillent beaucoup en ce sens», informe M. Parenteau.
Si tu laisses pourrir les résidus alimentaires dans les déchets, dans les sites d’enfouissement, il y a un dégagement de méthane et le méthane est un gaz à effet de serre encore plus puissant que le CO2.
Charles Mercier, directeur de la Société environnementale de Côte-des-Neiges (SOCENV)
Des résidus qui ne sont pas des déchets
La gestion d’un bac brun permet aux citoyens d’isoler leurs matières organiques des déchets, ce qui a un gros impact environnemental positif, selon le directeur de la Société environnementale de Côte-des-Neiges (SOCENV), Charles Mercier.
«Si tu laisses pourrir les résidus alimentaires dans les déchets, dans les sites d’enfouissement, il y a un dégagement de méthane et le méthane est un gaz à effet de serre encore plus puissant que le CO2», explique l’environnementaliste. M. Mercier insiste sur le fait que les résidus alimentaires ne sont pas des déchets, qu’il faut seulement leur laisser le temps de se décomposer dans un environnement contrôlé puisque le compostage est une action essentielle qui contribue à la réduction des gaz à effet de serre. De plus, à la fin du processus de dégradation, le compost, cette matière noire semblable à de la terre et qui est bonne pour la santé des sols, est récolté. Un centre de compostage traditionnel pour les matières sèches sera opérationnel dans Saint-Laurent à partir du printemps 2022 et des usines à compostage de biométhanisation pour les matières humides sont actuellement en construction à Montréal-Est et LaSalle. L’objectif est de pouvoir traiter localement les résidus alimentaires des Montréalais.
Les usines à compost de biométhanisation sont des bâtiments modernes où le processus de transformation du compost se fait dans des conteneurs fermés. Il n’y a donc pas de risque d’émanation, comme c’est le cas lorsqu’on laisse les matières organiques se composter à l’air. De plus, le méthane produit par la méthanisation sera utilisé comme le gaz naturel afin de chauffer d’abord les bâtiments municipaux. «Au départ, on avait cinq structures, poursuit M. Parenteau. Deux centres d’incinération, un à Montréal-Est et l’autre à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, pour gérer les digestas, une sorte de pâte résiduelle du processus de biométhanisation et qui va aussi créer de l’énergie. Éventuellement, on va même pouvoir traiter les boues des eaux usées.» En suivant son Plan directeur de gestion des matières résiduelles, la Ville de Montréal tend vers l’atteinte de son objectif qui est le zéro déchet d’ici 2030.