Le froid n’a pas empêché plusieurs milliers de personnes de marcher dans la rue pour la protection de la biodiversité et les droits humains. Qu’ils soient allochtones ou autochtones venus des quatre coins du globe, ils ont uni leurs voix pour que le prochain Cadre mondial pour la biodiversité, qui devra voir le jour lors de la COP 15, respecte les droits humains et notamment ceux des autochtones et qu’il permette de stopper le déclin de la biodiversité.
Selon les organisateurs, ils étaient près de 3 500 personnes à se mobiliser aujourd’hui. En tête de cortège se trouvaient différentes personnes autochtones venues de partout dans le monde. Dans la foule se tenait Juliette Dubut, une jeune étudiante en maitrise en science de l’Environnement. Même si ses amis n’étaient pas-là, pour Juliette cette marche était un moment qu’elle ne pouvait pas manquer.
«Il y a vraiment un sentiment d’urgence qui est généralisé et en même temps on est confronté à l’inaction assez épouvantable de nos gouvernements», explique Juliette Dubut. J’ai toujours été hypersensible et depuis que je vois que tout se dégrade et ça me touche énormément. Je suis devenue très écoanxieuse donc je fais mon maximum pour pouvoir participer tant je peux à ces problématiques».
Selon elle, les communautés autochtones sont une source de savoir précieuse pour protéger la biodiversité et il est nécessaire de leur réserver une place centrale dans les réflexions et les prises de décision.
«Les personnes autochtones ont beaucoup à nous apprendre, vis-à-vis de leurs savoirs ancestraux, explique Juliette. Honnêtement on a tout à revoir et on doit les intégrer dans cette participation pour sauver la planète».
Ce qui a détruit les écosystèmes c’est le système capitaliste qu’on a implanté avec le colonialisme européen.
Edith, manifestante
Pour la militante innue Mélissa Mollen Dupuis, la place des personnes autochtones en tête de cortège est plus que symbolique. Cela permet de mettre au centre de l’attention les droits des peuples autochtones et leur importance dans la protection de la biodiversité.
«On n’entend pas toujours les mots que nous on reconnaît, ils disent des mots où est-ce qu’il y a «autochtone» mais à quel niveau, explique Melissa Mollen Dupuis. C’est tu café croissant, on vient vous consulter chez vous toute une après-midi ou est-ce qu’ils vont prendre des projets qui viennent du leadership autochtone».
Elle déplore trop peu d’attention accordée aux peuples autochtones pendant la COP 15 alors qu’ils constituent un «point tournant» dans la collaboration entre les populations et les personnes qui s’organisent sur le «niveau idéologique».
«On est un peu les scientifiques de la Terre parce qu’on est à les observer et à s’en inquiéter constamment, explique Mélissa Molen-Dupuis. D’être la présentement dans la marche c’est important, mais ce qu’on ne voit pas c’est de mettre autant d’emphase sur les premiers peuples à la COP15».
La mairesse de la Ville de Montréal, Valerie Plante, était aussi présente pour montrer son soutien aux manifestants tout en soulignant l’importance de mobiliser l’ensemble de la société civile pour la préservation de la biodiversité.
«On parle aux citoyens et ce qu’ils nous disent c’est qu’il faut sauver la nature et la biodiversité mais pour ça faut des gestes concrets, a déclaré la présidente de la CMM. On veut sortir de cette COP-là avec des engagements et des objectifs».
Plus tôt dans la journée, Valérie Plante, qui siège aussi à titre de présidente de la Communauté du Montréal métropolitain (CMM), a annoncé vouloir protéger 30% du territoire du Grand Montréal d’ici 2030.
Les deux porte-paroles de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé étaient aussi présents dans la foule. Manon Massé en a profité pour envoyer un message directement à Québec.
«La biodiversité c’est la base de la vie, actuellement le gouvernement du Québec a de belles paroles, à de beaux slogans, à un plan pour 2030 mais au quotidien il ne fait pas ce qu’il a à faire, déclare Manon Massé. Au gouvernement du Québec ça prend des actions maintenant pas dans six ans».
La marche s’est terminée au Parterre du Quartier des spectacles où des personnes autochtones du monde entier ont pu prendre la parole.