À table

Patch Adams arrive à Montréal

C’est en héros que le célèbre médecin américain Hunter «Patch» Adams a été accueilli à l’aéroport de Montréal jeudi, par une fanfare et un enthousiaste groupe de clowns.

Il est à Montréal pour environ cinq jours d’activités, à l‘invitation de l’Université de foulosophie, un organisme sans but lucratif ayant pour mission de célébrer l’humour engagé, et qui lui décerne pour l’occasion le titre de grand rectum. «Parmi tous les prix que j’ai reçus, je ne peux nier que c’est mon préféré», a confié l’homme coloré.

Sans prendre de répit entre un bain de foule et la prochaine activité à son horaire, il a accordé à Métro une entrevue durant le trajet en voiture l’amenant à son auberge. «Je ne suis pas habitué à prendre des pauses», a-t-il lancé.

À 69 ans, il a en effet une vie plus qu’active. Depuis 30 ans, M. Adams est sur la route environ 300 jours par année dans des dizaines de pays, que ce soit pour donner des conférences, soigner et amuser des malades ou épauler des projets d’écoles de médecine ou de cliniques gratuites. Pour tenter de changer le monde petit à petit.

Derrière son nez de clown se cache un activiste révolté. «Je suis un militant. La médecine et les clowneries sont deux de mes armes», a affirmé l’excentrique médecin. «Pour combattre le capitalisme de marché, un meurtrier de masse destructeur, je me suis dit: pourquoi ne pas prendre ce qu’il y a de plus cher aux États-Unis, soit les soins de santé, et les offrir gratuitement?», a-t-il poursuivi.

C’est ainsi que Patch Adams a fondé le Gesundheit Institute, au sein duquel des soins de santé ont été donnés gratuitement durant 12 ans. «Notre personnel avait des emplois à temps partiel pour pouvoir pratiquer la médecine chez nous, tellement ils étaient peu rémunérés. Nous étions seulement habités par la volonté d’aider, quitte à payer pour aider», a-t-il expliqué.

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Après ces 12 ans, lui et son équipe se sont rendus compte que leur modèle était peu soutenable. Ayant besoin de fonds pour son projet d’hôpital en Virginie, il a concentré son énergie à se faire connaître pour amasser le plus de dons possibles et obtenir de plus gros cachets pour ses conférences. La sortie du film consacré à ses années d’études de médecine, mettant en vedette Robin Williams en 1998, a fait monter sa popularité en flèche. Mais il estime qu’il a toujours besoin de 200M$ pour réaliser son rêve d’un hôpital qui promeut sa vision des soins de santé. «Les hôpitaux ne prodiguent pas vraiment des soins. Il y a des procédures, des tests, des traitements. Mais aucune école de médecine n’enseigne la compassion ou le bien-être», a-t-il fait valoir.

Lors d’une visite chez le médecin, il est rare qu’on passe plus de quelques minutes avec lui. Mais le docteur Patch Adams, lui, discute généralement avec ses patients de 3 à 4 heures lors d’une première visite. Parce que la santé ne se résume pas qu’à combattre les maladies. «L’amour, l’estime de soi, l’espoir, la contribution à la communauté, l’exercice physique, une bonne hygiène sont tous des aspects de la santé», affirme M. Adams.

Le coloré médecin a aussi été le premier à introduire des clowns dans les hôpitaux. «Aujourd’hui, il y a des clowns qui visitent des hôpitaux de 120 pays», a-t-il souligné non sans fierté. Et les clowneries peuvent sauver des vies. «En Équateur, une petite fille de 5 ans, qui avait été violée, n’avait pas ouvert la bouche depuis deux mois, que ce soit pour parler, rire ou manger. Elle allait mourir de faim et l’hôpital n’avait plus d’espoir, a raconté M. Adams. Ce sont des clowneries qui ont tout changé. Maintenant, elle rit, elle joue et elle va à l’école. Je n’oublierai jamais cette expérience.»

Ayant côtoyé beaucoup de femmes et d’enfants abusés par des hommes, Patch Adams est très critique envers son genre. «Tous les problèmes de l’histoire sont la faute des hommes, estime-t-il. D’ailleurs, des 2000 orphelinats que j’ai visités dans ma vie, je n’ai jamais croisé un travailleur masculin. Nous avons besoin d’un monde féminin.»

Les prises de position de M. Adams ne lui valent pas que des amis. «J’ai reçu des menaces de mort parce que je suis pro-choix, pro-euthanasie et que je dis publiquement que les États-Unis sont une nation terroriste et meurtrière», a-t-il admis.

Activités à Montréal
Pour plus de détails sur les activités auxquelles prendront part Patch Adams à Montréal, dont une conférence, la projection du film Patch Adams, une partie de hockey en fauteuil roulant et un cabaret hommage: www.udfou.com

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